UN CAÏD À LA BARRE

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La justice se penche sur le passé de Youssouf Fofana, avant l’assassinat d’Ilan Halimi. L’ex-chef du “gang des barbares” est jugé à partir de ce mardi pour une des affaires ciblant chefs d’entreprise et personnalités en 2002-2004, avant l’assassinat d’Ilan Halimi pour lequel il a été condamné à perpétuité. Comme il le confiera aux policiers, Fofana voulait s’en prendre à des gens supposés “riches”. Il avait fait une liste avec, entre autres, l’ancien président de Médecins sans frontières, Rony Brauman, l’avocat pénaliste Joseph Cohen-Sabban, l’ex-patron d’Arte, Jérôme Clément, ou les PDG de But, IBM France, Rolex ou Whirlpool…

En réalité, celui qui s’autoproclamera “chef du gang des barbares” dessinait les prémices de son horrible projet criminel, s’essayait au mode opératoire qui le conduira quelques années plus tard à sacrifier la vie du jeune vendeur de téléphones, Ilan Halimi.Youssouf Fofana s’était inventé une cause, signant ses menaces “FLP” pour “Front de libération de la Palestine” et réclamant le paiement de “l’impôt palestinien”. Il demande alors des sommes allant jusqu’à 500.000 dollars. Envoie à ses “cibles” des courriers contenant des photos d’un homme cagoulé et armé devant chez eux, dépose même des grenades à plâtre devant leurs maisons. La brigade de répression du banditisme, en charge de l’affaire à l’époque, tient pour peu crédible ce mystérieux “FLP” qui cherche certes à intimider ses victimes mais n’honore jamais ses rendez-vous. Les investigations restent vaines. Une procédure oubliée. Deux ans plus tard, en juin 2004, Philippe C., directeur de Pier Import, est visé par des jets de cocktails Molotov. Chez lui, à Sceaux. Pas loin de l’endroit où sera retrouvé la voiture d’Ilan Halimi en 2006. Le patron reçoit aussi une lettre signée “Mafia K’1 Fry”, nom inspiré d’un collectif de rappeurs du 94, où le maître-chanteur réclame le paiement d’un impôt “révolutionnaire” cette fois. Pour les modalités de règlement, il précise qu’il faudra passer par des bons Western-Union. Technique que Youssouf Fofana tentera vainement de reprendre dans ses négociations avec le père d’Ilan Halimi en 2006. Puis le “FLP” et “Mafia K’1 Fry” se transforment en “Armata Corsa”, qui envoie à plus de vingt personnes entre un et trois courriers. Le style des missives n’a rien de celui du mouvement nationaliste corse. Des centaines de milliers d’euros sont réclamées, une cassette vidéo ou un cliché accompagne les lettres. On y voit encore un individu cagoulé qui manipule des armes. Rony Brauman écope d’une photo Polaroid où l’on voit des hommes, bazooka en mains, devant la porte de son domicile, dans une commune de la banlieue sud. Sa maison est la cible d’un coup de feu et de deux cocktails Molotov. Grâce à l’adresse mail où sont consultables les instructions du maître-chanteur, les enquêteurs identifient un cybercafé. Mais “Armata Corsa”, comme le “FLP” et “Mafia K’1 Fry” avant lui, s’évapore. Les policiers n’ont qu’un cliché d’un type venu consulter sa boîte mail. Certaines enquêtes se soldent alors par des non-lieux. Ce sont finalement les investigations sur l’enlèvement, la séquestration et le meurtre d’Ilan Halimi, qui viendront réveiller cette procédure oubliée. C’est donc un procès pour des faits vieux de près de quinze ans qui s’ouvre aujourd’hui.

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