Guinée

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Après ce qu’il présente comme une série de «scandales d’abus de confiance et d’escroqueries liées aux activités de Q-NET», le gouvernement guinéen a finalement décidé de mettre fin aux activités de cette entité spécialisée  dans la vente directe et de marketing de réseau et dont le siège est basé à Hong Kong.

À travers un communiqué conjoint du Ministère de la Justice, du Ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation ainsi que du ministère des Finances, rendu public lundi 28 octobre 2019, la société se voit frapper d’interdiction « sur l’ensemble du territoire national». Le communiqué concerne «toute activité liée au groupement qui se fait appeler QNET».

Le gouvernement Guinéen  évoque des  «Mouvements illicites de capitaux, du trafic illicite de migrants, des regroupements et formation clandestins de nationaux et étrangers et des manœuvres frauduleuses de nature à porter atteinte aux biens d’autrui et à l’ordre public » et précise que « les auteurs desdites activités seront, après audition par les officiers de police judiciaire, déférés devant le procureur de la République territorialement compétent ».

Justement, cette interdiction intervient à la suite d’une vague d’arrestations, la semaine dernière, de personnes liées aux activités du Q-NET en Guinée, y compris des étrangers. À Conakry, la police a interpellé 141 personnes dont neuf Guinéens, un Burkinabé et un Gambien, 46 Sénégalais, 84 Bissau-guinéens tandis qu’à l’est et au nord-est du pays, ce sont plus d’une centaine de personnes qui ont été mises aux arrêts, notamment des Guinéens et ressortissants de pays de l’Afrique de l’Ouest. Plus d’une trentaine de Maliens et également des Pakistanais ont été interpellés, portant à 300 le nombre de personnes appréhendées  selon les chiffres communiqués par le gouvernement.

«L’amalgame » autour des arrestations

S’il est clair que les activités de Q-NET en Guinée sont suspectées de situations d’escroqueries et de duperies, le timing et les raisons officielles invoquées par les autorités inquiètent ceux qui sont concernés par ces arrestations, les principaux acteurs de la société Q-NET en Guinée et, au-delà, les acteurs politiques et les membres de la société civile qui redoutent une instrumentalisation de cette affaire en pleine crise liée à la question du « troisième mandat ».

En effet, si le dossier a été déféré au parquet afin de suivre une procédure judiciaire, on estime déjà au sein du gouvernement que cette vague d’interpellation « prouve à suffisance la récurrence d’infiltration de corps étrangers tant à Conakry que dans des grandes villes de l’intérieur du pays ».

Des allégations que réfutent catégoriquement le Président du Haut Conseil des Maliens en Guinée, Mohamed Sidibé, qui a animé , mardi 29 octobre 2019, un point de presse sur la situation de ses compatriotes impliqués dans cette affaire.

D’après le gouverneur de Kankan, préfecture à l’est du pays où est intervenue la seconde vague d’arrestations, les activités de Q-NET en Guinée seraient probablement liées à une organisation criminelle «On a retrouvé des objets de protection traditionnelle contre des balles. Quand on vient chercher de l’argent dans un pays, on n’a pas besoin de venir avec une protection anti-balle. C’est pourquoi, une enquête sérieuse et approfondie va être ouverte. Parce que pour nous, QNET n’est qu’une couverture. Sinon, il n’ y a pas de raison que des individus se retrouvent un à un ou à petit groupe dans une préfecture en un même lieu. L’enquête va être approfondie et on saura ce qui ce cache derrière. On va savoir qui les a fait venir, qui les logeait et qui les nourrissait », a déclaré  le Général Mohamed Gharé.

Q-NET apporte ses précisions

Dans un communiqué publié mardi, les représentants de la société ont quant à eux dit prendre acte de la décision du gouvernement d’interdire l’activité de Q-NET en Guinée tout en restant persuadés «que les enquêtes en cours permettront de clarifier la situation et de lever les équivoques, amalgames et confusions autour de son activité de vente directe par réseau ».

« En effet, à la lumière de la déclaration faite par les autorités guinéennes, Qnet note qu’il est fait un amalgame entre son activité de vente directe par réseau et d’autres activités criminelles en lesquelles elle ne se reconnaît ni de près ni de loin. »

Dans son communiqué, les représentants de la société expliquent que la société QNET n’est ni une entreprise de placement d’argent, ni un plan d’investissement  mais une société de vente directe par réseau qui propose une large gamme de produits de bien être, de style de vie et de joaillerie de luxe, etc….précisant que les sommes déboursées par les représentants indépendants servent exclusivement à l’achat de produits dont ils peuvent faire un usage personnel ou les revendre.

Par ailleurs, les représentants de Q-NET précisent que leur société n’offre pas des emplois comme le prétendent certains membres guinéens du réseau mais des «opportunités d’affaires »

Par rapport aux accusations de «Mouvements de trafic illicite de migrants», ils indiquent que Qnet mène son activité à partir d’une plateforme de commerce électronique. Il n’est nullement besoin de se déplacer d’un pays à un autre pour mener l’activité.

Allant plus loin, ils relèvent que le déplacement massif de personnes d’un pays à l’autre à l’encontre de ces lois et règlements est strictement interdit par QNET.

« QNET condamne vigoureusement tout mouvement illicite de capitaux, tout trafic illicite de migrants, tout mouvement et regroupement clandestins et toutes manœuvres frauduleuses de nature à porter atteinte à l’ordre public et réaffirme sa disponibilité à collaborer avec le Gouvernement guinéen pour le dénouement de cette affaire. Elle a d’ores et déjà procédé à la fermeture de sa boutique en ligne réservée à ses représentants résidents en Guinée suite à la décision du Gouvernement d’interdire ses activités ».

Si les inquiétudes du gouvernement guinéen sont légitimes et que Q-NET Guinée reconnaît des dysfonctionnements en son sein, le traitement ou la tournure que pourrait prendre cette affaire est scrutée à la loupe par les acteurs politiques dans une situation de crise liée à la question du troisième mandat, où le dialogue entre les différents acteurs est totalement rompu.

Medianet.sn

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