Alpha Condé s’entête

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A quelques mois de la fin du deuxième mandat du président Alpha Condé, âgé de 81 ans dont 50 dans l’opposition, le ton est monté d’un cran. L’opposition a lancé depuis lundi une mobilisation illimitée sur toute l’étendue du territoire. Les forces de l’ordre sont sur le sentier de guerre. Jusque-là plutôt muette, Paris sort de sa réserve diplomatique au risque de s’exposer aux critiques des partisans de la non ingérence et des panafricanistes. “Nous appelons à l’apaisement”, a souligné Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires Etrangères, lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale française. “Nous sommes très attentifs avec nos partenaires à l’apaisement en Guinée”, a ajouté le ministre français des Affaires étrangères, pesant et soupesant ses mots. “C’est la situation la plus sensible aujourd’hui (dans la région) et l’engagement du président Alphé Condé à demander une réforme de la Constitution ne nous paraît pas être obligatoirement partagé ni par sa population ni par ses voisins”, a-t-il souligné.

Ces commentaires interviennent alors que l’opposition guinéenne regroupée dans le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), une coalition hétéroclite de partis et d’organisations de la société civile, martèle depuis des mois, à coup de marches géantes et de protestations, que le président Alpha Condé, élu en 2010 et réélu en 2015, entend se représenter à la fin 2020, bravant une constitution (il est vrai malléable à merci comme le veut la pratique, courante, en Afrique) limitant à deux le nombre de mandats présidentiels. Des appréhensions de l’opposition confirmées par le premier intéressé lui même qui a indiqué en décembre dernier vouloir soumettre à ses concitoyens un projet de nouvelle constitution sans plus de précisions sur ses intentions personnelles.

23 civils et un gendarme tués

Depuis que l’opposition et la société civile ont lancé les manifestions sur l’ensemble du territoire, l’on dénombre déjà, selon les sources officielles, environ 23 civils et un gendarme tués. Tous ont trouvé la mort lors des protestations durement réprimées par les services de sécurité. D’ailleurs, au sujet de la répression, le Directeur Général de la police guinéenne a publié le 15 janvier, un communiqué décriant les “actes de déshonneur” posés par certaines unités de police et à annoncé “l’ouverture d’une enquête pour traduire les policiers coupables devant les juridictions”.

Le mouvement de contestation est monté d’un cran en début de semaine sur toute l’étendue du territoire avec le lancement par l’opposition d’une mobilisation “massive” et “illimitée”. Trois personnes ont été tuées depuis lundi dans les violences politiques. Deux commissariats ont aussi été saccagés mardi à Pita, à 200 km de la capitale, Conakry.

Silences assourdissants de la CEDEAO et l’Union Africaine

Si Paris s’est prononcée, clairement s’entend, la CEDEAO elle, garde un silence gêné, loin du ton martial adopté il y a trois ans, il est vrai dans d’autres circonstances et pour un autre contexte, envers la petite Gambie de l’inclassable Yaya Jammeh. Il en est de même de l’Union Africaine (UA), prisonnière de la vieille règle onusienne de la “non ingérence” et, selon les mauvaises langues, d’un syndicat des chefs d’Etat qui a la vie dure. Mises à l’épreuve, les deux organisations avaient dépêché à Conakry, il y a quelques semaines, par l’entremise de la fondation Kofi Annan, une mission d’anciens Présidents et Présidentes du continent qui ont respecté les Constitutions de leurs pays. Mais la visite, du 9 au 13 décembre, du Béninois Nicéphore Soglo et du Nigérian Goodluck Jonathan, tous deux signataires de la «déclaration de Niamey» contre les “modifications constitutionnelles intempestives” accoucha d’une souris. Appelé à clarifier ses positions sur la réforme constitutionnelle, Alpha Condé aurait pris mouche des déclarations de Nicéphore Soglo, vice-président du Forum des anciens chefs d’Etat, déclarant que la “période des monarchies qui ne disent pas leur nom est révolue”. Invitée pour sa part à insuffler de la transparence dans la gestion du fichier électoral, la Commission nationale électorale est, elle aussi, au pied du mur.

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