Idrissa Seck

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En un mot comme en mille, c’est ce que l’on peut dire sur les dernières décisions du président de la  République. Les prévisions de la météo politique ne se seront pas révélées justes, même les plus  fins analystes sont pris au dépourvu par la  formation du nouvel attelage gouvernemental. Mais la décision la plus commentée reste celle  du président de Rewmi, consistant  à accepter la présidence du Conseil économique social et environnemental. Des décisions lourdes de conséquences et qui laissent entrevoir un adieu à ses ambitions présidentielles ou l’acceptation d’un dauphinat pour Macky Sall. Quelque soient les motifs avancés, et relatif à la conjoncture, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le président Idrissa Seck s’est tiré une balle dans la tête.

Après quatre-vingt seize heure sans gouvernement, le Sénégal tient enfin le 7ème attelage sous Macky Sall.  Plus que le premier gouvernement même, celui-ci aura coulé plus d’ancre du fait des décisions aussi surprenantes que surréalistes. L’orage de  l’attente passé, la pluie apportée par les nominations n’a pas donné naissance à un beau  temps. Mais elle aura  le mérité  de dégager des éclaircis sur le ciel politique sénégalais qui devra connaître une recomposition profonde et imminente tant du côté  du  pouvoir que celui de l’opposition.

Même s’il continue d’afficher ses ambitions présidentielles, le président de Rewmi s’est aujourd’hui attiré la foudre des Sénégalais en acceptant la charge de  président du Conseil économique social et environnemental (Cese). Quand  bien même il tenterait d’expliquer sa décision par le souci de joindre les forces vives de la nation, en ce temps de pandémie, la pilule est difficile à avaler du côté des populations. Accusé de tortuosité, il en a souffert d’ailleurs depuis l’histoire des chantiers de Thiès et la médiatisation à outrance contre sa personne par  le régime de Wade, Idrissa Seck vient de se tirer une balle dans la tête. Autant le dire ainsi, puisque les conséquences qui découleront de son acte feront très mal à son parti dans les jours à venir.

Le parti Rewmi va droit vers des lendemains difficiles au plan interne du fait de la décision unilatérale de son leader. Il faut se rappeler l’intervention de Yanhouba Seydi, sur la Rfm dans le journal de la journée d’hier, pour en avoir le cœur net quant à l’absence de communication au sein de cette formation. Le Pr Seydi, qui n’est pas n’importe qui dans le parti, avait réfuté toute idée d’entrée dans le gouvernement disant que, si cela intervenait, ce serait sans l’aval du Rewmi. Comme lui, la quasi-totalité des cadres sont médusés. Certains ont même commencé à quitter l’embarcation. Si  cette décision passe mal auprès de ses hommes, il faut multiplier la difficulté en mille auprès du peuple.

Un dauphin du président de la République?

Le tsunami de réactions qui ont découlé de son acceptation du  poste de l’institution qu’il dirige désormais ne l’émeut pas  outre mesure. Tout porte à croire qu’Idrissa Seck s’y attendait, en fin politicien. Son geste, il ne faudrait pas le lire sous l’angle de l’abdication des ses rêves politiques et surtout son ambition présidentielle. Muet depuis des mois, il vient de révéler au grand jour que son mutisme était dû à une discussion avec le président Sall. S’il faut lire cette décision en parallèle à la mise au placard de certains responsables de l’Alliance pour la  République (APR), on peut affirmer sans grand risque de se tromper que le deal avec le président Macky Sall  dépasse le seul  souci de soulager les populations.

Idrissa Seck  n’aurait jamais troqué ses habits de présidentiable contre ceux peu dorés d’un président d’institution dont les Sénégalais, y compris lui-même, ont appelé de tous leurs vœux à  la dissolution. Pour qu’il prenne ce risque d’être littéralement flingué, il faut qu’il y ait des dividendes conséquentes à en tirer. C’est à un jeu politique qu’on assiste ainsi et les acteurs assurent bien leur rôle. Accepter la main tendue de Macky Sall  ne peut lui profiter que lors que  celui-ci ne sera pas candidat en 2024. Il y a fort à croire qu’Idrissa Seck a eu des gages forts du soutien de son nouvel ami Macky Sall en perspectives de la présidentielle  à venir. Ce  serait renoncer à ses ambitions que d’accompagner Macky Sall dans sa gestion du pays, et décider de l’affronter dans  des joutes à venir. C’est pratiquement  impossible.

Se débarrasser aussi des barrons de son régime,  des  personnalités les plus en vue dans son propre parti, laisse prévoir une motion de soutien à Idrissa Seck par Macky Sall. Au cas où il ne se présentera pas, Idy sera son candidat pour assurer ses arrières parce que ses amis et proches trainent trop de casseroles. Le seule  chose  à éviter lplus que tout est de voir le pouvoir tomber dans  des mains de politiciens qui démontreraient une soif de vengeance envers ses alliés. De  ce fait, elle a beau  être  impopulaire, la décision d’Idrissa Seck est  sous-tendue par un désir purement politique: la  soif de pouvoir de l’homme de Thiès. Même s’il est toujours difficile de faire des prévisions politiques réalistes au Sénégal, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le  président de REWMI ne sortira pas grandi de cette nomination.

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