L’exode rural africain

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En Afrique, les campagnes ne se vident pas, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Dans certains pays, la population rurale a même augmenté plus rapidement que la population urbaine entre 1990 et 2010.

Ainsi, dans 22 pays d’Afrique, la croissance urbaine est alimentée essentiellement par les naissances d’enfants de citadins, et non pas par des migrations des campagnes vers les villes. Entre 2010 et 2014, l’indice de fécondité en ville était supérieur à 5 enfants par femme au Mali, au Niger, au Nigeria, en République démocratique du Congo et au Burundi.

D’autre part, un phénomène notable en Afrique est la transformation de camps de réfugiés en villes. Par exemple, le camp d’Iriba au Tchad compte à lui seul plus de 141 000 réfugiés du Darfour, la taille d’une grosse ville.

Entre 1990 et 2015, les villes africaines sont devenues plus denses. En 1990, dans les grandes villes africaines, la densité moyenne de population était de 5 500 habitants/km² ; elle est de 6 000 habitants par km² en 2015. Le nombre de grandes métropoles a toutefois été multiplié par 10 entre 1970 et 2015 : le nombre des villes de plus d’un million d’habitants est passé de 4 à 41 et devraient dépasser les 67 en 2030. L’Afrique compte aujourd’hui 3 mégapoles (plus de 10 millions d’habitants) : Le Caire, Lagos et Kinshasa. En 2050, 3 autres les rejoindront : Dar es-Salaam, Johannesburg et Luanda.

Du fait de la croissance démographique, ONU-Habitat estime les besoins en Afrique à 4 millions de logements supplémentaires chaque année. Or, les pays dont la grande majorité (plus de 80%) des citadins habite dans des quartiers précaires sont les États les plus pauvres : Soudan, République centrafricaine, Tchad, Mauritanie, Madagascar. Dans ces pays, l’État dispose de peu de ressources financières. La probabilité pour que leurs gouvernements réussissent à mettre en place une planification rationnelle anticipant l’ensemble des besoins en logements est très faible. L’un des grands défis de la planification urbaine en Afrique est donc l’intégration au reste de la ville des quartiers dits « informels » – c’est-à-dire leur normalisation.

Villes nouvelles en devenir

Une autre solution serait la réalisation de « polarités secondaires » en périphérie des grandes métropoles, voire la création de villes nouvelles, afin d’éviter l’étalement urbain. Le pays précurseur pour les villes nouvelles modernes est l’Égypte. 22 cités ont été construites entre 1977 et 2000, avec des fortunes variables. Au début des années 2000, le Maroc a aussi lancé la planification d’une dizaine de villes nouvelles, destinées aux classes populaires et aux classes moyennes. En Algérie et en Angola, d’immenses villes nouvelles ont pu voir le jour grâce aux revenus pétroliers et à la construction à bas coût par des entreprises chinoises. D’autres villes nouvelles visent explicitement les classes aisées, parfois en association avec des parcs de haute technologie, comme Sidi Abdellah en Algérie, Diamniado au Sénégal, Hope City au Ghana, Eko Atlantic City au Nigeria ou Konza Technology City au Kenya.

De nombreux observateurs remarquent que ces villes nouvelles récentes n’attirent pas les populations,surtout lorsqu’elles sont éloignées des lieux d’emploi et mal desservies. Cependant, il faut comprendre que ces projets pharaoniques servent surtout à placer des capitaux, dans un contexte de fiabilité limitée du système bancaire, et à entretenir la spéculation.

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