Alioune Tine

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Fondateur de Africa Jom center, Alioune Tiné, invité de l’émission politique de Itv a exprimé ses craintes pour le Sénégal.

Quel ressentiment avez-vous avec les dernières manifs en date?

J’ai  eu peur pour mon pays pour la vulnérabilité de l’Etat et les pathologies qui  touchent notre démocratie. Pour la première fois, nous avons assisté à une manifestation avec autant de caractères inquiétants. Du point de vue de la massivité mais aussi de la violence. On a vu des chars de combat, des forces de l’ordre et des milices. Ce sont des éléments qu’on a l’habitude de voir au Mali, au Burkina qui se sont invités chez nous.

C’était grave alors ?

Dans ces pays, les problèmes sont survenus autour de la conservation et de la conquête du pouvoir.  Pour éviter des  problèmes, des consensus doivent être  trouvés autour du pouvoir pour que les luttes politiques ne causent pas du tort aux populations. On ne doit pas perdre de vue que les djihadistes sont à l’affût. Nous avons lancé l’alerte dans le rapport que nous avons déposé et exhorté les autorités en charge de la sécurité d’être très vigilants. Car nous avons pu constater que dans  leur façon de prospecter et de se préparer, les jihadistes sont en avance sur les autorités des pays visés.  C’est ça qui fait qu’ils surprennent toujours.   Le constat est que depuis 2017, la sécurité se dégrade au Sahel. Quand on en vient à s’attaquer à des commissariats, des brigades de gendarmerie, on est  à un seuil critique.

Qu’est ce qu’il faut faire pour éviter certaines situations ?

Il faut que les gouvernants respectent les droits des gouvernés et des opposants. Les opposants ne doivent  pas à leur tour avoir des comportements qui nuisent à la paix et la stabilité.  Quand on travaille à saper les fondements d’un Etat, on risque de trouver un Etat en déliquescence une fois arrivé au pouvoir. Nous devons faire de sorte à avoir un Etat qui facile l’Etat de droit.  Nous devons  veiller à la sauvegarde de  la paix et de la stabilité qu’à celle des ressources.

Est-ce un alerte que vous lancez ?

Le seuil d’alerte est au maximum car ce qui s’est passé n’est pas à un cran moins par rapport à ce qui s’est passé en 1968 ou en 1988.   Quand on lance un alerte, c’est bien aussi que celui ou ceux à qui il est destiné puissent l’entendre.  Je travaille sur le Mali où  j’ai eu à dire à des hommes politiques comme Koné ou Maïga de faire dans la mesure.

A partir d’ une affaire privée qui s’est  passée dans une chambre de massage, les choses ont dégénéré. C’est  qu’Il ya eu une fermentation de problèmes.  La gestion de  la maladie de covid 19 et les conséquences des mesures qui ont été prises ont augmenté la pauvreté et mis des franges de la population dans une situation de crise alimentaire sans précédent. La gestion d’une crise ne se décrète pas. Elle doit être faite sur la base de la concertation avec les populations qui ont trop souffert de cette pandémie.  Pour rappeler serigne Cheikh Al Makhtoum «  le Sénégal a besoin d’un ndeup.  Si le pays était une peau, je dirais qu’elle est crasseuse et a besoin d’être nettoyée, rincée. Nous devons avoir le sentiment de vivre ensemble, arrêter de faire prévaloir la force.

Que pensez vous du pétrole et du gaz sur la sécurité du pays ?

Si le pétrole et le gaz peuvent devenir sources de problèmes, c’est que ce n’est pas  l’affaire des seuls Sénégalais. Beaucoup les veulent plus que nous et font tout pour en tirer profit. Ce sont ces gens qui sont entrain de voir qui dirige le pays. Est-ce qu’un tel qui les arrange ne doit pas le diriger  à la place d’un tel autre. Tout ce qui  les intéresse, c’est de tirer plus profit de nos richesses. Ils sont prêts à créer des conditions qui leur permettent d’arriver à cette fin. Ne perdons pas de vue que tous les produits à la base de l’intelligence artificielle proviennent de l’Afrique. L’Afrique du sud qui s’est levée en 2010 pour devenir un pays riche, la Lybie qui a été déstabilisée par les occidentaux et qui peine à se remettre de cette épreuve, le Niger qui subit des attaques sont autant de pays qui renferment des richesses.  Les Burkinabés ont échappé à une révolution avec la tournure qu’a pris la dernière élection présidentielle. Dans tous  les pays qui sont menacés ‘d’instabilité, les gens doivent faire bloc.  Nous devons savoir raison garder et créer des mécanismes acceptés de règlement de nos différents politiques. On ne peut pas à chaque fois aller voir le khalife pour  régler les problèmes politiques. On peut voir le khalife pour qu’il éteigne le feu qui s’est déclaré dans le pays. Mais une fois étaient, il appartient aux protagonistes de s’asseoir autour d’une table et discuter.

Vous prônez la concertation

Des responsables politiques comme Macky Sall, Ousmane Sonko et tous les autres qui sont sur la scène politique doivent pouvoir discuter. Nous n’avons jamais cessé de travailler à cela.  Notre plateforme  «  Jammi Rewmi » a compilé une ensemble de proposition qu’elle soumettra à la classe politique dans les prochains jours.  C’est notre rôle d’acteurs de la société civile. Nous allons continuer à alerter pour le respect de la démocratie…Quand on en vient à des querelles d’identité, la démocratie est menacée. Tous les pays qui ont dégringolé ont commencé par des crises d’identité, un désespoir de la jeunesse dont certains sont entrain de braver la mer. Encore une fois de plus, il faut se concerter.

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