Au Tchad et au Bénin

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Dimanche 11 avril, les Tchadiens et les Béninois sont appelés aux urnes pour des élections présidentielles. Sans surprise, les deux présidents sortants ont toutes les chances d’êtres réélus. Muselés, verrouillés, neutralisés, les opposants sont réduits à l’impuissance.

Après Djibouti vendredi 9 avril, au tour du Tchad et du Bénin d’organiser dimanche 11 avril, leur élection présidentielle. Et comme à Djibouti, les deux présidents sortants sont certains d’être réélus avec une confortable majorité. En face d’eux, personne n’est en mesure de les inquiéter dans les urnes.

Une opposition violentée au Tchad

Seuls six candidats ont été autorisés à se présenter face au Tchadien Idriss Déby. Et aucun n’est une personnalité de premier plan. Les opposants les plus sérieux n’ont pas été autorisés à se présenter ou se sont retirés de la course présidentielle, à l’image du leader de l’opposition Saleh Kebzabo. Pour justifier son refus de participer au scrutin, ce dernier a dénoncé une « militarisation évidente du climat politique ».

Cette violence d’État, l’opposant Yaya Dillo en a été victime le 28 février. En voulant l’arrêter à son domicile, la police et l’armée ont ouvert le feu, tuant sa mère, âgée de 80 ans, et blessant cinq autres membres de sa famille. Depuis ce raid meurtrier, Yaya Dillo vit caché dans son pays.

Au Tchad,

« À chaque élection, on retrouve ce niveau de violence », explique Oumar (1), un journaliste tchadien qui a déjà eu de nombreux ennuis avec les autorités. « C’est toujours une période difficile pour les Tchadiens, surtout pour ceux qui critiquent le régime. Nous n’avons pas oublié le sort de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh, enlevé en 2008 par l’armée et dont on n’a jamais retrouvé le corps. »

Une violence payante

Deux autres candidats ont renoncé à participer à la campagne électorale : Mahamat Yosko et Ngarlejy Yorongar, ancien compagnon d’armes d’Idriss Déby en 1990. Le premier explique que le climat « actuel n’est pas favorable à une élection présidentielle libre et transparente ». Et le second justifie son renoncement en raison de « l’injustice sociale et de l’insécurité que vivent les partis politiques de l’opposition ».

Violences et impunité

Human Rights Watch (HRW) a élevé la voix jeudi 8 avril contre cette « répression implacable » contre des opposants. « Les violations des droits humains et le déni des libertés fondamentales ont miné la crédibilité de l’élection », estime l’ONG de défense des droits humains. Même le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a « déploré le recours à la force » dans le processus électoral.

« L’opposition est muselée, la société civile affaiblie, il n’y a aucun espoir d’alternance politique au Tchad », analyse Laurent Duarte, de la plateforme Tournons la page. « D’autant que la communauté internationale est apathique, que la France a besoin d’Idriss Déby pour sa guerre au Sahel et que l’Union européenne s’aligne sur Paris pour ce pays. »

Pour Oumar aussi, le journaliste tchadien, « il est certain qu’Idriss Déby jouit d’une grande impunité de la part des grandes puissances. La France lui pardonne tout. Mais cela ne va pas durer. Nous savons tous que quand il va disparaître, toute cette douleur accumulée depuis 1990, va resurgir. Et cela va être terrible ».

Au Bénin, une opposition verrouillée

Au Bénin, Patrice Talon est lui aussi assuré de remporter l’élection de  dimanche. Élu une première fois en 2016, il se représente en ayant muselé son opposition. Du jamais vu depuis la démocratisation du Bénin au début des années 1990. « Il a verrouillé l’opposition, pris des mesures liberticides, gère le maintien de l’ordre comme dans les pays autoritaires. Les manifestations de l’opposition se terminent de plus en plus violemment au Bénin », constate Laurent

Savé

Aujourd’hui, la plupart des grandes figures de l’opposition sont en exil ou condamnées à des peines d’inéligibilité. Les autres ont vu leur candidature recalée par la commission électorale car ne disposant pas d’un nombre suffisant de parrainages : 154 des 159 élus béninois appartiennent à la mouvance présidentielle.

 

Seuls deux candidats sont autorisé à se présenter face à Patrice Talon : les anciens députés Alassane Soumanou et Corentin Kohoué, quasiment inconnu du grand public.

Des oppositions qui ne se renouvellent pas

Si les présidents sortant du Tchad, du Bénin et de Djibouti sont les premiers obstacles à l’alternance démocratique dans leur pays, l’opposition a aussi une part de responsabilité dans cette situation. « Dans chacun de ces pays, elle peine à se renouveler. Ses figures principales sont vieillissantes et empêchent l’émergence d’une nouvelle génération en leur sein », constate Laurent Duarte. « À cela s’ajoutent des querelles de leadership : leurs chefs se disputent la place de premier opposant. »

 

 

 

 

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