Il appelle à une guerre civile au Cameroun

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En toute impunité, le musicien Richard Bona appelle à une guerre civile dans son pays d’origine. Une démonstration de plus du laxisme dont font preuve les réseaux sociaux comme Facebook et les autorités des pays d’accueil de certaines diasporas africaines radicalisées.

L’artiste d’origine camerounaise Richard Bona, installé aux USA est vivement critiqué sur Facebook après la publication, il y a trois jours, d’une vidéo où il invite à ouvrir « un autre front de guerre au Cameroun » et à « brûler » une chaine de télévision privée jugée proche du pouvoir.

Les réactions n’ont pas tardé. « Mon frère c’est ton pays ? Va dans ton pays tu nous laisses », « Tu n’es pas camerounais tu la fermes », « Ne parle pas des choses du Cameroun », sont autant de commentaires d’internautes qui exprimaient leurs désaccords avec le musicien.

Pour M. Bona, le professeur Kamto, opposant politique, est « un type docile ». « Je le lui ai dit. Ce ne se serait pas passé avec quelqu’un d’autre. Un autre front de guerre serait déjà ouvert, et les Ambazoniens l’ont compris de toutes les manières. Il n’y a pas d’autres manières que d’aller à la guerre avec ces pillards et voleurs », a-t-il déclaré, critiquant les retards pris dans la construction de certaines infrastructures qui accueilleront la prochaine Coupe d’Afrique des Nations.

Cet appel à la violence et à la guerre civile a été publié sur Facebook par un groupe de personnes au sein de la diaspora camerounaise, qui mène impunément en Europe des violences sur des personnes et des biens au nom de la lutte pour un mieux-être au Cameroun, en utilisant les réseaux sociaux comme instruments de ralliement. Facebook a pourtant, en diverses occasions, exprimé sa volonté de travailler contre des discours haineux ou de nature à provoquer des violences et instabilités sociales dans l’ensemble des pays où il gère des communautés d’utilisateurs.

Un dispositif qui finalement ne semble concerner que des pays où le groupe possède de gros intérêts, et où il risque de subir de fortes pressions politiques. Au Cameroun, tout comme dans de nombreux pays d’Afrique, les plateformes Facebook et WhatsApp, sont devenus des espaces utiles pour des millions de personnes qui veulent développer leur business. Mais elles sont aussi des champs de bataille politiques et idéologiques sans foi ni loi, où se diffusent de nombreuses conspirations contre les individus et des autorités établies.

En octobre, le Wall Street Journal, édité à New York, a publié une série de reportages sur la base de documents transmis au régulateur américain des marchés financiers et au Congrès par Frances Haugen, une ex-membre du conseil d’administration de Facebook devenue lanceuse d’alerte contre son ancien employeur. Devant le Congrès, elle a indiqué que, face à des situations conflictuelles, Facebook « choisit de privilégier son propre intérêt financier au détriment de la sécurité du public ».

Les médias qui ont parcouru les documents, rapportent ainsi, que les dérives sur l’utilisation des réseaux sociaux du groupe sont bien connues en interne, mais que les signaux d’alerte ne sont pas toujours pris en compte. « Le résultat est un système qui amplifie la division, l’extrémisme et la polarisation – et qui mine les sociétés du monde entier. Dans certains cas, ce dangereux discours en ligne a débouché sur une violence réelle qui nuit à des personnes, voire les tue » peut-on lire dans le témoignage de Frances Haugen.

En Afrique, des responsables publics sont régulièrement insultés, menacés, et leurs familles font l’objet de moqueries ou de railleries dégradantes, dans des termes qui ne seraient tolérés dans aucun pays dit démocratique. Mais la marge de manœuvre pour les pays africains est assez réduite. Aucun d’eux ne peut convoquer le patron de Facebook, comme le ferait le Congrès américain ou la Commission Européenne. Et en cas de limitation ou d’interdiction d’accès aux réseaux sociaux, le pays africain qui veut se protéger contre ce fléau est tout de suite qualifié de rétrograde ou de dictature répressive.

Le chanteur Richard Bona a l’habitude de critiquer les autorités sur des faits de mal gouvernance qui choquent généralement une part de l’opinion. Mais l’accueil négatif que lui ont réservé des centaines de commentateurs sur sa récente vidéo, prouve qu’il y a une limite qu’une majorité de Camerounais ne souhaite pas voir franchir, au-delà delà des divergences qui pourraient exister entre eux.

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