Mali

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« Le président IBK [Ibrahim Boubacar Keïta] est décédé ce matin à 9 heures [GMT et locales] à son domicile, à Bamako », a indiqué à l’Agence France-Presse un membre de sa famille. Cette information a été confirmée par plusieurs membres de cette même famille. Il avait 76 ans. Ibrahim Boubacar Keïta, élu président du Mali en septembre 2013, puis réélu en 2018, avait été renversé par des militaires en août 2020. Son décès intervient alors que son pays, déjà plongé dans une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d’insurrections indépendantistes et djihadistes en 2012, fait aussi face à deح lourdes sanctions économiques et diplomatiques prises par la communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Qui était ce leader politique atypique ?

Un francophile, musulman et socialiste

Ibrahim Boubacar Keïta, plus connu de ses compatriotes sous le surnom d’IBK, était un vieux routard de la politique malienne, né en 1945 à Koutiala, située dans la région de Sikasso, dans le sud-est du Mali, près de la frontière avec le Burkina. Issu d’une famille nombreuse qu’il présentait comme descendante de la dynastie Keïta, il a commencé sa scolarité dans cette région natale avant de s’envoler pour Paris en 1958 lorsqu’il remporta le concours général organisé par les Français dans chacune de leurs colonies. Les établissements les plus prestigieux de Paris lui ont alors ouvert leurs portes. Janson-de-Sailly pour le lycée, puis retour au lycée Askia-Mohamed-de-Bamako, comme l’a souhaité sa mère. Le bac en poche, il s’inscrit à la faculté des lettres de l’université de Dakar, puis à la Sorbonne, à Paris, où il effectue une maîtrise d’histoire. Également diplômé en relations internationales, il est, après ses études, chargé de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

C’est en 1992 qu’IBK découvrit la politique après un début de carrière dans l’aide au développement. Il devient alors le protégé d’un certain Alpha Oumar Konaré, ancien président malien qui en fait tour à tour son conseiller diplomatique, son porte-parole, son ministre des Affaires étrangères et enfin son Premier ministre entre 1994 et 2000.

Durant ses études à Paris, IBK a été responsable de l’Association des étudiants et stagiaires maliens en France (AESMF), qui était une des sections de la Fédération des étudiants africains de France (FEANF). Il y rencontra notamment Alpha Condé, l’ancien président guinéen, lui aussi déchu. L’engagement militant d’IBK contre le régime militaire alors en place à Bamako lui vaudra par ailleurs une suspension de sa bourse d’études octroyée par l’État malien. Mais rien n’arrêta la motivation du jeune étudiant qui aimait se décrire comme socialiste, il enchaîna les petits boulots en tant que manutentionnaire ou ouvrier chez Citroën. Ex-karatéka, IBK a obtenu un 2e dan. Un palmarès qui a tranché avec sa vie de fêtard dans les boîtes de nuit parisiennes, amateur de cigares qu’il fut.

Marié à Aminata Maïga Keïta, avec laquelle il a eu quatre enfants, IBK était un musulman pratiquant qui se rendait chaque vendredi à la mosquée, a fait le pèlerinage à La Mecque. Ce qui l’a rapproché dans un premier temps de l’imam Mahmoud Dicko, alors président du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), sorte de relais entre les associations musulmanes, les mosquées et les autorités. Un atout de taille qui a placé IBK naturellement sous les bons auspices de nombreux chefs religieux du pays. Après ses échecs aux présidentielles de 2002 et 2007, où il avait été battu coup sur coup par Amadou Toumani Touré, c’est en 2013 qu’il accéda au palais de Koulouba, après une large victoire saluée par les Maliens.

Un deuxième mandat qui ne sera pas allé à son terme…

Il sera réélu en 2018 face à Soumaïla Cissé, ancien leader de l’opposition décédé le 25 décembre 2020, du Covid-19. Mais même réélu à 67 %, les accusations de fraude et son premier mandat très critiqué ont fini par avoir raison de son image. « Déconnecté des réalités », « inactif », « n’ayant pas conscience de la situation socio-économique du pays », c’est ainsi que ses opposants les plus virulents le qualifièrent avant d’obtenir sa démission. Le coup d’État qui l’a renversé en août 2020 a été suivi d’un deuxième en mai 2021. La junte conduite par le colonel Assimi Goïta a annoncé son intention de diriger le pays pendant plusieurs années, alors qu’elle s’était engagée auparavant à organiser le 27 février des élections présidentielles et législatives afin de permettre le retour des civils au pouvoir.

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