Du pionnier mal-aimé au collectionneur de trophées
‘histoire a commencé sur un but et pas n’importe lequel. Un but à “un milliard d’euros” comme le qualifie alors la presse britannique. Le 11 mai 2003, lors de la dernière journée de Premier League, Jesper Gronkjaer marque et permet à Chelsea, alors au bord de la faillite, de battre Liverpool (2-1) et de se qualifier in extremis pour la campagne à venir de la Ligue des champions. Un but sans lequel Roman Abramovitch, qui visait aussi Manchester United et Tottenham, n’aurait sans doute jamais jeté son dévolu sur Chelsea.
Les Blues allaient alors participer pour la deuxième fois seulement de leur histoire à la C1 mais quelques semaines plus tard, le rachat du club par l’oligarque russe lui donne une nouvelle dimension. A la fin des années 90, et après une histoire séculaire, mais assez peu épaisse, Chelsea s’installe dans le premier tiers du championnat anglais. Abramovitch va élargir ses perspectives pour en faire l’un des plus grands clubs du monde. A l’heure où le multimilliardaire, contraint par la pression exercée par les autorités britanniques suite à la guerre en Ukraine, met son club officiellement en vente, commençons par la fin. En 19 saisons, le Chelsea d’Abramovitch a amassé 21 trophées (contre 11 en 97 saisons avant lui) dont cinq championnats d’Angleterre, cinq Cups et deux Ligues des champions.
Non seulement, il a bouleversé le destin du club londonien mais il a contribué à changer la face du football mondial. Il est le premier, huit ans avant l’arrivée de QSI au PSG, à incarner la prise de pouvoir de capitaux étrangers sur des clubs historiques et son mode de fonctionnement, à savoir injecter des centaines de millions d’euros dans les transferts pour se constituer une Dream Team et conquérir ainsi l’Europe, va faire des émules dans les décennies qui ont suivi. Le Chlesea d’Abramovitch ouvre une nouvelle ère et sera le premier à faire exploser les indemnités de transfert et les salaires alors que son propriétaire dépensera sans compter.
Chelsea FC, you’ve got no history
Ces méthodes décomplexées, couplées à la stratégie aggressive d’internationalisation du club – qui ne date pas de l’arrivée au pouvoir du nouveau propriétaire – feront du club londonien le mouton noir de la Premier League, le club le plus détesté du Royaume. Il lui sera reproché d’être un club artificiel ce qui valait aux Blues de se faire rappeler, à chaque déplacement, la légèreté de leur palmarès avant l’arrivée des fonds russes. “Chelsea FC, you’ve got no history”, aimaient chanter les supporters de Liverpool. La personnalité clivante de José Mourinho, architecte de la première grande période de Chelsea, va contribuer à faire grandir le ressentiment des adversaires alors que le club de Londres ne va jamais cesser de prendre de l’ampleur.
Mourinho, la Premier League et le couronnement européen
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