VERS LA RUPTURE AVEC LE FCFA ?

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SOMMET DE YAOUNDE

Un communique signe des ministres du budget et de l’économie le 26 octobre 2016, la direction générale de la comptabilité publique et du trésor gabonais va encore faire appel à un emprunt auprès de la BEAC, les caisses de l’état étaient vide et il fallait payer les fonctionnaires. Que ce soit le Gabon, Congo, Tchad, Guinée équatoriale, tous ont possédé à des recours excessif pour financer leur déficit budgétaire parce que trop dépendant des revenus du pétrole ayant chuté.

Au-delà de la chute du prix du pétrole, il y a les guerres, notamment Seleka et Boko Haram qui vont affecter les économies du Cameroun et du Tchad, ce dernier ayant fait des efforts depuis des années pour sortir du trop ‘’dépendance’’ du pétrole pour le fonctionnement du pays.

Il était urgent de tirer un trait sur cette situation de recours excessif aux emprunts à la BEAC, ces réserves de changes qui sont des ressources financières permettant à nos états d’assurer leurs transactions avec l’extérieur.

C’est ainsi que le FMI dont les experts jouent le rôle de conseiller en matière économique va réagir en recommandant un rééquilibrage budgétaire et monétaire c’était lors d’une réunion à Yaoundé en Mai 2016 « La politique monétaire accommodante qui a consisté à un recours excessif à la banque centrale régionale (la BEAC) a entraîné une diminution des réserves de change. Bien que le niveau des réserves reste adéquat, la marge pour une nouvelle expansion monétaire semble désormais épuisée. »

Selon le FMI, il était urgent de mettre  d’avantage l’accent sur la mobilisation des recettes intérieures, encourageant  les pays membres à ‘’privilégier les emprunts concessionnels et les sources intérieures de financement dans toute la mesure du possible.’’

En clair, les pays de la sous-région devaient  impérativement sortir de la dépendance du pétrole en diversifiant leur économies, investir dans les projets prioritaires, gérer rationnellement les ressources intérieurement accélérer l’intégration sous régionale.

Une réforme de fond pour nos différents états, une idée partagée par le président Paul Biya qui voyait en cela une solution dans le long terme pour des pays qui aspirent à être émergents.

Sortir de la dépendance du pétrole

L’apport du pétrole dans l’économie de la Guinée équatoriale avoisine les 90 % de son PIB, plus de 50 % au Gabon, au Congo ,20% au Tchad, Cameroun 9 % cette dépendance va causer des préjudices énormes dans les économies des pays de la sous-région, et par la affecter celle du Cameroun dont les recettes dépendent aussi des  exportations en zone CEMAC.

Investir dans les projets prioritaires

Certains pays de la sous-région se sont lancé dans le développement des projets d’infrastructures n’ayant aucun impact véritable sur leur économies, le Congo Brazzaville a renoncé au projet d’extension du port de pointe Noire, privilégiant le port minéralier, son développement n’étant plus nécessaire avec la viabilité du port de Kribi situe à quelques kilomètres du Congo, relie par une route dont les travaux de bitumages s’achèveront bientôt.

Le Congo venait se joindre aux pays qui devraient être couvert par le Port de Kribi, le Tchad, le Nord-est du Nigeria, la RCA, le Gabon et la Guinée Equatoriale.

Gérer rationnellement les ressources intérieures

Le professeur Dieudonné Essomba va le décrire en terme d’ajustement interne ‘’qui consiste à des mesures visant à réduire les postes de dépenses qui aggravent le déficit et à mieux utiliser ses ressources externes. Il se traduit par la baisse des salaires, la compression des effectifs, le désengagement de l’Etat,’’

Corruption à grande échelle, évasion fiscales, gabegie, une véritable reforme s’impose dans nos différents pays.

Alors que la croissance de la zone CEMAC  est estimée à 1,8 % pour 2016, le Cameroun a réussi à se positionner autour de 5 à 6 %, il fallait donc que le président Biya amène les autres pays à accepter l’assistance du FMI pour que le Cameroun ne soit pas tiré vers le bas, d’où l’urgence de convoquer ce sommet.

Seulement, pour le Cameroun, ce sommet ne devait pas se limiter à réduire le déficit lié à la baisse du prix du pétrole, il fallait poser les bases solides pour accueillir la future monnaie sous régionale à travers le développement de la production interne.

(Alors qu’au Cameroun vous pouvez acheter un œuf à 60 FCFA, il vous faut débourser 150 FCFA au CONGO Brazza pour le même produit, ce qui de fait nécessite des salaires élevés des fonctionnaires de l’administration et augmente considérablement les charges de l’État. Alors que les cours du pétrole chutaient depuis 2014, le Gabon totalement dépendant va augmenter de 18 %  le salaire des fonctionnaires tout en augmentant son effectif.)

Alors que certains préconisaient comme solution de sortie de crise  la dévaluation du FCFA à l’image d’autres pays producteurs de pétroles notamment l’Angola, la Russie, le Canada, le Nigeria, pouvait-elle être la clé de voute pour la CEMAC ?

La dévaluation du FCFA

Le FCFA surévalué affaibli les pays africains, qui pratiquement perdent de moitié leur revenus sur la vente du pétrole qui s’opère en dollar.

‘’Les Africains perdent beaucoup d’argent lorsque leurs recettes d’exportation sont converties en euros. Par exemple leur recette d’exportation de 1.500 000 000 de dollars équivalent à 1 500 000 000 d’euros si un euro est égal à un dollar. En revanche, cette même recette d’exportation se réduit à 1 000 000 000 d’euros lorsque l’euro s’apprécie et s’échange à 1,5 dollar. On constate ici une perte de change sérieuse des Africains de 500 000 000 de dollars correspondent à 250 milliards de francs CFA. Cela veut dire que si l’euro vaut demain le double de la devise américaine, les revenus d’exportation des Africains seront amputés automatiquement de leur moitié.’’

Cette dévaluation pouvait apporter quelques souffles à la trésorerie des pays de la sous-région, mais elle devait nuire au développement des projets d’infrastructures engagés .Ces mesures ne pouvant être possible qu’avec les méthodes d’ajustements.

La dévaluation n’était pas tout à fait nécessaire d’autant plus qu’avec la baisse de la production pétrolière, la hausse du prix du baril est imminent. L’urgence était donc à la mise sur pieds des mécanismes de rupture avec le FCFA.

Se préparer à sortir  du FCFA

Etaient invites à ce sommet de Yaoundé les dirigeants de la sous-région CEMAC, officiellement le gouverneur de la BEAC, le ministre français des finances, le directeur du FMI, et le président de la commission de la CEMAC.La contribution des pays émergents sera marquée par la présence de nombreux experts invites venus de Chine, Inde, du Bresil, Russes, etc…Ils seront tous mis à contribution pour adopter les 22 points qui seront publié par le ministre camerounais des finances, Ousman Mey.

Après le huis clos entre les chefs d’états, dans son discours de clôture, le président Biya va insister sur trois points importants

Elargie l’assiette fiscale dans nos différents pays

Selon un rapport de l’ONG TAX Justice Network de 2011, le Cameroun perd plus dans l’évasion fiscale que dans les détournements de fonds publics. « Des multinationales puissantes ont, sans aucune honte, mis la pression sur des gouvernements des pays pauvres pour obtenir des exemptions fiscales ou une fiscalité particulière afin d’exploiter des matières premières telles que le Coltan, le pétrole, le gaz naturel, le rutile, le thé ou encore le café, le cacao et le coton ».

Pour le cas de l’Afrique de l’Ouest par exemple, un rapport initie par OSIWA faisait état des pertes évaluée à  210 milliards de dollars (près de 100.000 milliards de Fcfa) entre 2002 et 2011 à cause de fraudes fiscales de multinationales.

Il est urgent de revoir les procédures d’abattements fiscales qui offrent parfois des avantages allant jusqu’à 60 % à certaines entreprises.

Une lutte sans Mercie sera donc lancée par les dirigeants de la sous-région contre les évasions fiscales, la communauté internationale été prise à témoin ce vendredi à Yaoundé.

L’on a vu les mairies réclamer des milliards aux entreprises de bananeraie de Njombe Penja,  la CONAC du Cameroun  va accuser les entreprises de téléphonie mobile pour des impayés  évalués à des centaines de milliards de FCFA.

Veiller à ce que les mesures d’ajustement n’entravent pas la croissance et n’aggravent pas les conditions de vie des couches sociales les plus fragiles.

Les pays de la sous régions se sont lancé dans les programmes de développements pour soutenir la croissance, notamment dans les domaines des infrastructures, développement agricole, énergie, mine, santé, etc…

L’accélération de l’intégration au sein de notre sous-région, de la diversification de notre économie et de l’amélioration du climat des affaires dans nos différents pays.

Sortir de l’hypocrisie de certains états de la sous régions ayant mis des verrous pour réduire les capacités d’intégrations dans la sous-région, ce qui ne facilite pas les échanges inter-états.

Les pays de la sous régions se sont donne pour objectif dans un délai de 05 ans de ramener le solde budgétaire des État  a 3%, ce solde qui est la différence entre le niveau des recettes et le niveau des dépenses constatées dans le budget de l’Etat, il doit être positif et l’on parlera  d’excédent.

En clair, dans le  huis clos des chefs d’états, ils  se sont donnés 5 ans pour mettre en place une monnaie sous régionale.

Pour certains observateurs, il s’agit d’une ‘’stratégie pour rompre avec la France sans toutefois l’humilié aux yeux du monde … On ne battit pas une monnaie sur de l’argile’’... »La résilience des populations camerounaise a donné naissance à une autre économie celle que l’état a appelé  » le secteur informel  » et c’est elle qui fait le miracle camerounais. Le Cameroun a mis en place des stratégies appropriées pour palier à la crise et le plan diabolique du Fmi d’où la convocation du sommet extraordinaire de Yaoundé car il fallait partager l’expérience du miracle camerounais. Seuls les paresseux subiront et les battants s’en sortiront…Seul le travail paye » Oran  Eba

Il y a un an, le conseiller à la présidence de la république du Cameroun en matière économique mettait en garde la France sur sa politique monétaire dans la zone franc.

’A l’issue de la récente réunion des ministres des Finances des zones Franc, à la question relative à son point de vue sur la controverse concernant l’avenir de ces ensembles monétaires, M. Sapin, ministre des Finances français,  répondit qu’il n’appartient qu’aux Africains d’en décider. En réalité, Michel Sapin a botté en touche une question très importante, dans la mesure où ces zones monétaires sont le résultat d’accords entre d’une part, la France, et de l’autre les pays africains. On ne voit pas comment leur résiliation serait une affaire unilatérale  d’une partie contractante, quand bien même serait-elle par hasard à l’origine d’une telle initiative.

Les zones Franc sont chargées de symboles. Elles constituent une des manifestations des liens historiques qui unissent certains pays et peuples d’Afrique francophone à la France. Elles ont constitué une espérance en un monde meilleur pour ceux des Africains concernés, on ne les botte pas en touche sans conséquence par une figure de style.

 La ZF est restée en-deçà de son potentiel. Il faut avoir le courage de reconnaître ses contreperformances si on veut la sauver, faute de quoi s’accroitra le déficit de confiance des populations et de leurs élites dans cette zone monétaire et, par ricochet, dans la France qui en est un instigateur majeur. Tel n’est pas notre souhait. Au contraire, comme un de ses artisans majeurs, la France ne saurait se débiner, et devrait en conséquence jouer un rôle important pour contribuer à la gouvernance démocratique des zones monétaires CFA.

De  toutes façons, à l’allure des tendances actuelles des courants commerciaux et d’investissements, dans lesquels s’affirment les pays tels que la Chine, l’Inde, la Corée, le Brésil, etc., il est à craindre que la zone Franc, dans sa configuration actuelle, n’apparaisse au fil du temps comme le vestige d’une autre époque, en décalage avec le vécu des populations des pays membres, en déphasage avec les réalités du monde, déconnecté des aspirations et attentes multiformes d’une jeunesse qui forme plus de 80% de la population.’’

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