Economie mondiale

Read Time:10 Minute, 10 Second

Une expansion moins égale et des tensions commerciales croissantes

Selon les projections, la croissance mondiale devrait atteindre 3,9 % en 2018 et en 2019, ce qui correspond aux prévisions des Perspectives de l’économie mondiale (PEM) d’avril 2018, mais l’expansion devient moins égale, et les risques entourant les perspectives augmentent. Le rythme de l’expansion semble avoir culminé dans certains grands pays et la croissance est devenue moins synchronisée. Aux États-Unis, la dynamique à court terme s’affermit conformément aux prévisions des PEM d’avril dernier, et le dollar s’est apprécié d’environ 5 % ces dernières semaines. Les projections de la croissance ont été révisées à la baisse pour la zone euro, le Japon et le Royaume-Uni, car l’activité a été inférieure aux prévisions au début de 2018. Parmi les pays émergents et les pays en développement, les perspectives de croissance deviennent aussi plus inégales, sur fond de la montée des prix du pétrole, de la hausse des rendements aux États-Unis, d’une escalade des tensions commerciales et des pressions des marchés sur les monnaies de pays dont les paramètres économiques fondamentaux s’affaiblissent. Les projections de la croissance ont été révisées à la baisse pour l’Argentine, le Brésil et l’Inde, tandis que les perspectives de quelques pays exportateurs de pétrole se sont améliorées.

Le solde des aléas influant sur les perspectives est encore plus négatif, y compris à court terme. Les relèvements des droits de douane qui ont été annoncés récemment par les États-Unis, ou qui sont anticipés, et les mesures de rétorsion de leurs partenaires commerciaux ont accru la probabilité d’une escalade et d’une prolongation des mesures commerciales. Cela pourrait faire dérailler la reprise et peser sur les perspectives de croissance à moyen terme, en influant directement sur l’affectation des ressources et la productivité, ainsi qu’en faisant monter l’incertitude et en pesant sur l’investissement. Les conditions restent favorables pour les pays avancés sur les marchés financiers, avec des écarts de taux réduits, des valorisations tendues sur certains marchés et une faible volatilité, mais cela pourrait changer rapidement. Parmi les déclencheurs éventuels figurent une aggravation des tensions et des conflits commerciaux, des problèmes géopolitiques et une montée de l’incertitude politique. La hausse de l’inflation aux États-Unis, où le chômage est inférieur à 4 % mais où les marchés intègrent une trajectoire bien moins profonde pour les relèvements des taux d’intérêt que celle figurant dans les projections du comité de politique monétaire, pourrait aussi entraîner une réévaluation soudaine des paramètres économiques fondamentaux et des risques de la part des investisseurs. Un durcissement des conditions financières pourrait provoquer des ajustements de portefeuille déstabilisateurs, de fortes variations des taux de change et de nouvelles réductions des entrées de capitaux dans les pays émergents, en particulier ceux dont les paramètres fondamentaux s’affaiblissent ou qui présentent un risque politique plus élevé.

Pour préserver l’expansion mondiale, il reste essentiel d’éviter les mesures protectionnistes et de trouver une solution basée sur la coopération qui encourage la croissance continue des échanges de biens et services. Les politiques des pouvoirs publics et les réformes doivent viser à soutenir l’activité, à rehausser la croissance à moyen terme et à en accroître le caractère inclusif. Mais, étant donné la baisse des capacités inemployées et la montée des risques de dégradation, beaucoup de pays doivent reconstituer leurs amortisseurs budgétaires de manière à dégager une marge de manœuvre en vue de la prochaine récession et de renforcer la résilience financière face à une volatilité peut-être plus élevée sur les marchés.

L’expansion se poursuit à un rythme moins égal

Tandis que la reprise cyclique mondiale approche du cap de deux ans, le rythme de l’expansion dans certains pays semble avoir culminé, et la croissance devient moins synchronisée d’un pays à l’autre. Parmi les pays avancés, les divergences entre les États-Unis d’une part et l’Europe et le Japon d’autre part s’accentuent. La croissance devient aussi plus inégale parmi les pays émergents et les pays en développement, du fait de l’influence combinée de la montée des prix du pétrole, de la hausse des rendements aux États-Unis, des changements d’état d’esprit à la suite de l’escalade des tensions commerciales, ainsi que de l’incertitude entourant la situation politique et l’action des pouvoirs publics au niveau national. Si les conditions financières restent généralement favorables, ces facteurs ont entraîné une réduction des entrées de capitaux, une hausse des coûts de financement et des pressions sur les taux de change, qui sont plus vives dans les pays dont les paramètres économiques fondamentaux s’affaiblissent ou qui présentent un risque politique plus élevé. Les données à fréquence élevée donnent une image mitigée de l’activité mondiale à court terme. Les volumes des ventes de détail semblent avoir culminé au deuxième trimestre et les données tirées des enquêtes auprès des directeurs d’achat pour le secteur des services restent généralement solides. Cependant, la production industrielle semble avoir fléchi, et les données des enquêtes auprès des directeurs d’achat dans l’industrie manufacturière font état d’un recul des nouvelles commandes d’exportation.

Prix des produits de base et inflation. Du fait dans une large mesure d’une offre insuffisante, les prix mondiaux du pétrole ont augmenté de 16 % entre février 2018 (période de référence pour les PEM d’avril 2018) et début juin 2018 (période de référence pour la Mise à jour des PEM de juillet 2018). En juin, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et les pays producteurs de pétrole non-membres de l’OPEP ont convenu d’accroître la production de pétrole d’environ 1 million de barils par jour par rapport aux niveaux actuels, corrigeant ainsi la non-réalisation récente de l’objectif fixé par ce groupe en novembre 2016. Les anticipations des marchés semblent indiquer que la baisse des capacités au Venezuela et les sanctions imposées par les États-Unis à l’Iran pourraient empêcher le groupe de procéder à l’augmentation de la production convenue de manière systématique. Cependant, les marchés à terme indiquent que les cours vont probablement baisser au cours des quatre à cinq prochaines années (en partie à cause d’une augmentation de la production de gaz de schiste aux États-Unis) : fin juin, les cours à moyen terme avoisinaient 59 dollars le baril (soit 20 % en deçà des niveaux actuels). L’augmentation des prix des carburants a fait monter l’inflation globale dans les pays avancés et les pays émergents. L’inflation hors alimentation et énergie s’est affermie aux États-Unis car le marché du travail a continué de se tendre, et a augmenté graduellement dans la zone euro. Dans les pays émergents, l’inflation hors alimentation et énergie est montée aussi, du fait des répercussions de la dépréciation de la monnaie dans certains cas et des effets secondaires de la hausse des prix des carburants dans d’autres. Les prix des produits de base agricoles ont augmenté légèrement, en raison de la diminution de l’offre excédentaire.

Conditions financières dans les pays avancés. Étant donné l’affermissement de l’inflation et la solide création d’emplois, la Réserve fédérale américaine a continué de normaliser progressivement sa politique monétaire. Elle a relevé la fourchette cible du taux des fonds fédéraux de 25 points de base en juin, tout en indiquant qu’elle procéderait à deux relèvements supplémentaires en 2018 et à trois en 2019, soit une trajectoire plus pentue que celle indiquée en mars dernier. La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’elle réduirait ses achats mensuels d’actifs de 30 milliards d’euros à 15 milliards d’euros en octobre, et qu’elle prévoyait de mettre fin à ce programme le 31 décembre 2018. Elle a indiqué aussi qu’elle maintiendrait ses taux directeurs à leurs niveaux actuels au moins jusqu’à la fin de l’été 2019 ; ce cadrage prospectif est un peu plus accommodant que prévu par les marchés. Les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans étaient voisins de 2,85 % début juillet et ont augmenté de manière modeste depuis février, tandis que les rendements des obligations allemandes à 10 ans, aux environs de 30 points de base, ont baissé sur la même période. Parmi les autres pays avancés, les écarts de taux souverains pour l’Italie ont augmenté fin mai dans des proportions qui sont les plus élevées depuis 2012 à la suite des difficultés rencontrées pour former un nouveau gouvernement. Ils ont diminué depuis, mais ils restaient voisins de 240 points de base début juillet en raison des craintes concernant l’évolution de la politique économique. Les répercussions sur les marchés obligataires des autres pays avancés ont été limitées pour l’essentiel, les écarts de taux dans les autres pays de la zone euro demeurant réduits. Les cours des actions dans les pays avancés sont généralement plus élevés qu’en février-mars. Après une poussée en février, la volatilité a baissé et l’appétit pour le risque a été solide. En conséquence, les conditions financières dans les pays avancés restent généralement accommodantes.

Conditions financières dans les pays émergents. Les banques centrales de grands pays émergents (parmi lesquels l’Argentine, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique et la Turquie) ont relevé leur taux directeur, face à la montée de l’inflation et aux pressions sur les taux de change (conjuguées à des inversions de capitaux dans certains cas). Les rendements à long terme ont augmenté aussi ces derniers mois, et les écarts de taux se sont généralement creusés. Les indices boursiers de la plupart des pays émergents ont reculé de manière modeste, en raison, dans certains cas, de craintes concernant des déséquilibres (par exemple, Argentine et Turquie), et, de manière générale, d’une augmentation des risques entourant les perspectives.

Taux de change et flux de capitaux. Début juillet 2018, le dollar s’était apprécié de plus de 5 % en valeur effective réelle depuis février (période de référence pour les PEM d’avril 2018), tandis que l’euro, le yen et la livre britannique étaient plus ou moins inchangés. Par contre, les monnaies de quelques pays émergents se sont dépréciées vivement. Le peso argentin s’est affaibli de plus de 20 % et la lire turque d’environ 10 % en raison de craintes concernant des déséquilibres financiers et macroéconomique. Le réal brésilien s’est déprécié de plus de 10 % en raison d’une reprise plus faible que prévu et de l’incertitude politique. En Afrique du Sud, des données macroéconomiques moins bonnes que prévu ont contribué à la dépréciation de 7 % du rand, ce qui a annulé en partie la forte appréciation observée fin 2017 et début 2018. Les monnaies des plus grands pays émergents d’Asie sont restées plus ou moins à leur niveau de février dernier, avec une dépréciation modeste pour le renminbi. Du fait des signes de tensions financières dans certains pays plus vulnérables et d’une montée des tensions commerciales, les flux de capitaux vers les pays émergents ont reculé au deuxième trimestre jusqu’à fin mai après un solide début d’année, avec une hausse des ventes de titres de créance par les non-résidents.

Prévisions de la croissance mondiale

La croissance mondiale devrait atteindre 3,9 % en 2018 et en 2019, comme prévu dans les PEM d’avril 2018. Si les chiffres globaux font état de perspectives mondiales plus ou moins inchangées par rapport aux PEM d’avril dernier, des révisions indiquent que les perspectives diffèrent d’un pays à l’autre. La prévision de référence suppose un durcissement progressif des conditions financières, celles-ci restant toutefois favorables, avec des pressions localisées sur la base des différences sur le plan des paramètres économiques fondamentaux. Il est supposé que la normalisation de la politique monétaire dans les pays avancés se déroulera de manière bien communiquée et régulière. La croissance de la demande intérieure (notamment l’investissement, qui constitue un élément important de la reprise mondiale) devrait rester vigoureuse, alors même que la croissance globale de la production ralentit dans certains cas où elle a été supérieure à la tendance pendant plusieurs années.

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Previous post Top 20 de Rfi
Next post Situation du Sénégal
Close