La Chloroquine

Read Time:2 Minute, 26 Second

Un traitement contre le paludisme, la chloroquine, a montré des signes d’efficacité contre le nouveau coronavirus. Plusieurs experts appellent toutefois à la prudence alors que des essais cliniques sont en cours.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que la chloroquine ferait désormais partie d’un programme d’essais cliniques international visant à développer un remède contre le SARS-CoV-2. L’Iran, la Corée du Sud, la Chine et l’Arabie Saoudite l’utilisent, ou son dérivé (hydroxychloroquine), dans leur protocole thérapeutique,.

La chloroquine est un antipaludéen peu cher utilisé depuis plusieurs décennies. Commercialisé notamment sous le nom de Nivaquine, il n’est plus utilisé aujourd’hui en Afrique puisque le parasite a développé des résistances.

“La chloroquine a des effets contre de multiples virus: la rage, Ebola, la polio. Elle est aussi connue pour avoir des effets contre le SARS-CoV”, explique Blaise Genton, médecin-chef du service des maladies infectieuses d’Unisanté et spécialiste des maladies tropicales, dans l’émission CQFD.

Un antiviral efficace?

“Il y a un grand débat pour savoir si la chloroquine peut-être efficace dans le cas de ce nouveau coronavirus”, admet l’infectiologue, qui s’appuie sur plusieurs études récentes.

Selon une étude chinoise publiée mi-février, un essai clinique mené dans une dizaine d’hôpitaux a donné des résultats prometteurs avec des essais sur plus de 100 patients. “L’étude a montré que la chloroquine diminue la durée de la fièvre, entraîne des améliorations des images radiologiques et diminue la durée d’hospitalisation. Mais elle a aussi été passablement critiquée car elle ne donne pas de précision clinique”, indique Blaise Genton.

En France, le professeur Didier Raoult a mené une étude sur 24 patients porteurs du coronavirus. Six jours après le début de la prise de Plaquenil –  l’anti-paludique à base d’hydroxychloroquine du laboratoire français Sanofi – le virus avait disparu chez trois quarts des personnes traitées. Mais attention aux variables biologiques telles que des quantités de virus détectées chez les malades qui n’ont pas encore été publiées.

“Ces données sont encourageantes et intéressantes, mais elles laissent planer des doutes. 24 patients, c’est un petit échantillon. De plus, l’annonce des résultats a été faite via une vidéo sur YouTube, ce qui fait douter la communauté scientifique traditionnelle”, relève Blaise Genton.

Utilisée en Suisse

Contacté par CQFD, Thierry Buclin, médecin-chef du service de pharmacologie clinique au CHUV, signale qu’il semble y avoir “un signal en faveur d’une efficacité, mais les données sont pour l’instant très lacunaires”. “Il n’y a pas encore de données d’efficacité clinique en termes de survie ou de durée d’hospitalisation. Donc prudence, surtout pas d’optimisme intempestif à ce stade”, déclare-t-il.

En Suisse, les hôpitaux utilisent déjà la chloroquine pour lutter contre le Covid-19. “Nous l’utilisons au CHUV notamment, pour une certaine catégorie de patients, des cas sévères chez des personnes qui n’ont pas de problèmes cardiaques. Nous l’utilisons souvent en association avec d’autres antirétroviraux”, révèle Blaise Genton.

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Previous post Covid-19
Next post Covid19
Close