Remise en cause de l’hydroxychloroquine

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“Je ne vais pas changer d’avis à cause d’une étude foireuse”

Le Pr Raoult a réagi à la publication d’une vaste étude, parue dans “The Lancet”, qui remet en cause l’efficacité du traitement prôné par l’IHU, concluant à sa dangerosité.

“Serein”, le professeur Didier Raoult estime que l’IHU a “fait son devoir : soigner les gens”.

Boum ! Didier Raoult a répliqué. Un tir à boulets rouges à la mesure de l’étude retentissante publiée le 22 mai dans la revue médicale The Lancet.Après plusieurs publications méthodologiquement peu convaincantes sur l’hydroxychloroquine, cette analyse internationale, qui a compulsé les dossiers d’environ 96 000 patients Covid, remet sévèrement en cause le traitement prôné par l’infectiologue marseillais. Les auteurs y expliquent, en résumé, que l’hydoxychloroquine utilisée en association avec différents médicaments, n’a pas d’effet positif face au virus. Et même, que ces traitements augmentent la possibilité de décès et d’arythmie cardiaque.

Étude “foireuse” a balayé le Pr Raoult dans une vidéo de six minutes postée sur la chaîne YouTube, média faisant peu de place à la contradiction, par lequel le spécialiste a pris l’habitude de communiquer. “Ici, il nous est passé 4 000 malades dans les mains. Ne croyez pas que je vais changer d’avis parce que des gens font du big data, fantaisie complètement délirante qui prend des données dont on ne connaît pas la qualité et qui mélange tout”, a mitraillé le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée, qui précise que 10 000 électrocardiogrammes ont été réalisés sur ses patients. “Nous avons eu 26 décès de personnes passées à l’IHU et aucun n’est mort de tachycardie ventriculaire”, a-t-il affirmé, assurant que la mortalité enregistrée chez ses patients traités à Marseille par la combinaison hydroxychloroquine + azithromycine s’établirait à 0,5 %, soit “la plus basse du monde”. “Je ne sais pas si ailleurs l’hydroxychloroquine tue, mais ici elle sauve des vies”, a persiflé le Marseillais. Précisant qu’en cas de surdosage, “c’est sûr, on peut se suicider avec l’hydroxychloroquine. Mais le Doliprane tue beaucoup plus, c’est la première cause d’intoxication dans le monde”.

Didier Raoult estime que l’IHU a “fait son devoir : soigner les gens”. Il souligne que “le gouvernement nous a laissé travailler”. Affichant la volonté de s’extraire de la polémique, l’infectiologue estime que “les querelles scientifiques, politiques, publicitaires, tout ça a un temps. Le temps fait le tri, on n’est pas très inquiets”. Pourtant, Didier Raoult remet une pièce dans la machine, laissant entendre (sans le dire) que des enjeux financiers seraient en cause : “Faut-il remplacer un ancien médicament qui ne coûte rien par des nouveaux qui coûtent un prix fou ? C’est la vraie question.”

Plus philosophiquement, le Marseillais s’est à nouveau placé du côté de “ceux qui voient les malades”, par opposition aux chercheurs obnubilés par la méthode. Le professeur critique ces études où, selon lui, “la réalité est tordue d’une telle manière que ce qui est rapporté n’a plus rien à voir avec la réalité observable”. Dans une précédente vidéo, l’infectiologue avait évoqué le creusement d’un “fossé entre la pratique médicale et des gens qui transforment les malades en objets de recherche”.

Certains collectifs s’insurgent déjà contre une atteinte possible à la liberté de prescrire des médecins. Interrogé hier à ce sujet, le Pr Jean-François Mattei, président de l’Académie nationale de médecine, précise : “Cette liberté va demeurer, quoi qu’il en soit. Mais si l’État décide de ne plus valider la prescription d’un médicament en dehors de son autorisation de mise sur le marché, les médecins devront en assumer la responsabilité, y compris pénale.”

Philippe Douste-Blazy : “Si j’étais malade, je me ferais soigner par le Pr Raoult, moi et ma famille”

Il est pour le moins curieux que la personne qui obtient les meilleurs résultats en termes de mortalité de la Covid-19 en France puisse être remise en cause par des études qui sont, elles, rétrospectives et qui, surtout, ne parlent pas des mêmes malades. En effet, cette étude parue dans The Lancet, un journal médical que je respecte, est basée sur les big data qui colligent des centaines de milliers de données venant de plus de 600 hôpitaux qui n’ont pas les mêmes systèmes de recueil de données sur tous les continents. Cette étude a été faite avec une rapidité surprenante et fait état de données concernant des patients déjà hospitalisés avec des charges virales très importantes. De plus, les deux groupes ne sont pas comparables puisque le groupe sous hydroxychloroquine a plus de comorbidité que le groupe contrôle. Enfin, on ne sait pas, puisqu’on parle des effets secondaires de l’hydroxychloroquine, quelle posologie a été donnée aux malades ni la durée de leur traitement. Tout ça aboutit à des titres très résumés sur l’inefficacité et les dangers de l’hydroxychloroquine.

Comment réellement savoir, dès lors, si l’hydroxychloroquine est un danger ou pas pour les patients ?

Philippe Douste-Blazy : Je crois que le juge de paix en médecine, c’est le malade et le taux de mortalité. La meilleure solution est de comparer ce qui est comparable ; en clair de comparer le nombre de décès avec le nombre de personnes hospitalisées, sachant que la façon dont les hospitalisations se font est identique dans toutes les villes. Selon

Philippe Douste-Blazy : Le directoire de l’OMS est formé d’ambassadeurs qui viennent de différents pays dans le monde. Face à une étude comme celle publiée dans The Lancet, on peut estimer que l’OMS a voulu se prémunir de la moindre mise en cause. Je suis aussi étonné que dans un moment aussi dramatique que celui nous vivons, il y ait des enjeux économiques. On voit bien qu’il y a des publications dans le domaine du médicament ou du vaccin qui sortent signées par des compagnies pharmaceutiques. Et je vois, dans le Wall Street Journal, leurs valeurs boursières qui progressent très fortement. Tout cela, mis bout à bout, me fait dire qu’il peut y avoir des intérêts économiques face à des molécules qui sont anciennes et peuvent être données quasi gratuitement à l’ensemble de l’humanité. Je me garderai bien de pointer qui que ce soit mais je pense que pour éviter les soupçons de conflit d’intérêts, tous les auteurs d’études publiées devraient indiquer s’ils ont été invités, sont payés, ou ont des actions dans des compagnies pharmaceutiques.

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