Pétrole et gaz du Sénégal : La grande polémique entre Sonko, TAS, Abdou Karim Fofana

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Le débat sur les parts du Sénégal sur l’exploitation des ressources pétrolières et gazières a été ramené au goût du jour par le leader de Pastef Les Patriotes, pendant son Live de samedi soir sur sa page Facebook.

« Les plus grands pays de ce monde ont su surmonter leurs défis et se développer, sans que leurs dirigeants n’aillent quémander de l’aide dans les rencontres internationales. Tels doivent être nos objectifs puisque la seule voie demeure la prise en main de notre destin, notre souveraineté. Des pays comme le Qatar, ce pays, petit par la superficie, Dubaï, l’Arabie Saoudite, ont une place privilégiée sur l’échiquier mondial parce qu’ils ont jalousement préservé la souveraineté de leurs ressources. En plus des ressources pétrolières et gazières, nous avons la richesse du sol et le climat propice en plus. Malheureusement nous ne détenons que 10% sur ces ressources pétrolières et gazières », dit-il.

Le chiffre est lâché dans un contexte politique marqué par l’avènement de la Présidentielle de 2024, relançant la polémique sur les retombées financières de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières pour l’Etat du Sénégal. Et c’est le ministre du Commerce, Porte-parole du Gouvernement qui sonne la charge en qualifiant la déclaration de l’opposant de « Fake ». Tout en invitant les médias spécialisés dans le Fact Checking à se pencher sur cette déclaration de Sonko.

Pour étayer ses propos, Abdou Karim Fofana publie un document qui stipule des chiffres allant de 35 à 58% de parts pour l’Etat du Sénégal.

Le problème avec son argumentaire, c’est que son tableau ne concerne que le projet GTA (Grande Tortue Ahmeyim), basé sur le développement de deux champs de gaz offshore à savoir Tortue et Ahmeyim, à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie et dont les réserves sont estimées à 1 400 milliards de m³ de gaz. Il lui est donc reproché de prendre un cas spécifique pour expliquer une situation générale.

TAS convoque le Document de Programmation Budgétaire et Economique Pluri-annuel 2023-2025

Le député non-inscrit et leader du parti la République des valeurs, Thierno Alassane Sall, a convoqué les recettes cumulées prévues dans le Budget 2023, pour s’incruster dans le débat et affirmer que les contrats ont été mal négociés. « C’est officiel : les recettes cumulées prévues au Budget 2023, pour le gaz et le pétrole sont estimées à 51,6 milliards, malgré le prix élevé du baril (~90$). Voilà ce qui arrive quand, à des contrats très mal négociés, s’ajoute la précipitation à délivrer le 1er baril », a-t-il écrit sur son compte Twitter. Tout en joignant n document à l’appui.

C’est officiel : les recettes cumulées prévues au Budget 2023, pour le gaz et le pétrole sont estimées à 51,6 milliards, malgré le prix élevé du baril (~90$). Voilà ce qui arrive quand, à des contrats très mal négociés, s’ajoute la précipitation à délivrer le 1er baril.

L’argumentaire de Thierno Alassane Sall, basé sur les retombées sur le budget du Sénégal d’ici 2025 ne traduit pas toutefois la vraie réalité des contrats signés entre l’Etat du Sénégal et les grandes firmes chargées d’exploiter les ressources pétrolières et gazières au Sénégal. Sous le tweet du député de la 14e Législature, l’ingénieur géologue, Fary Ndao, auteur du livre « Or noir du Sénégal » et non moins membre du COS-Petro-Gaz, est interpellé par les internautes pour apporter des éclairages. Les réponses qu’il fournit renseignent un peu plus sur les parts du Sénégal sur les contrats signés.

« Le Sénégal aura plus de 50% des bénéfices de la production »

Pour répondre à TAS, monsieur Ndao de déclarer d’emblée: « Les chiffres sont bien ceux ci. Seulement en les présentant comme ça sans contexte, ils sont trompeurs. Je m’explique : quand on produit du pétrole/gaz, il faut le pomper du sous-sol et pendant deux à trois ans, cette production monte en puissance (phase de Ramp up ou Build up); Ramp up : On met en route les puits de production et le réservoir, c’est à dire la roche qui contient les hydrocarbures, doit s’adapter aux changements de pression etc. Ainsi, de l’année 1 à l’année 3, selon le document publié par M.Sall, les recettes sont multipliées par 6. Cela veut-il dire qu’on a mal négocié pour l’année 1 et bien négocié pour l’année 3 ? Absolument pas. Cela veut tout simplement dire que la production augmente peu à peu et attendra son maximum pendant une dizaine d’années où on aura au moins 600 milliards de FCFA par an ».

Sur les contrats, Fary Ndao prend également le contre-pied de TAS. « Ces accords ont été conclus, pour celui de Sangomar en 2006, sous Wade donc, et pour celui de GTA en 2012 sous Macky Sall. Dans les 2 cas, il n’y avait encore aucune découverte dans le pays. Il faut donc comparer ces contrats à ce qui fait dans des pays sans découvertes. Pour moi, les termes « bien négociés » ou « mal négociés » ne veulent rien dire dans l’absolu. Ils dépendant d’un contexte et surtout on doit chiffrer tout cela. Dans les deux cas ci dessus, Sangomar et GTA, l’État du Sénégal a toujours plus de 50% des bénéfices de l’exploitation », dit-il.

Et pour ce qui s’agit des parts du Sénégal dans l’exploitation de son pétrole et de son gaz, Fary Ndao affirme: « Le Sénégal obtient toujours plus de 50% des bénéfices de la production. Le reste de la production sert à rembourser les investissements consentis par les compagnies pétrolières (exploration+ développement) et Petrosen E&P (développement) ».

Le Sénégal obtient toujours plus de 50% des bénéfices de la production. Le reste de la production sert à rembourser les investissements consentis par les compagnies pétrolières (exploration+ développement) et Petrosen E&P (développement)

Un chiffre quasiment confirmé par le Docteur en Droit minier, Ousmane Cissé qui indique dans une contribution que vous pouvez lire ICI, que « l’État du Sénégal gagne plus de 10% des opérations pétrolières. En effet, les rémunérations cumulées de l’État (PETROSEN est une entité publique) varient entre quarante-huit pour cent (48%) et soixante-six virgule quatre pour cent (66%), compte non tenu des obligations fiscales du Contractant ».

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