Suisse : Un faux pilote sénégalais a abusé de plusieurs femmes

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Ce n’est pas l’uniforme qui fait le pilote. Plusieurs ressortissantes sénégalaises en Suisse l’ont appris à leurs dépens. Samba(nom d’emprunt), un quadragénaire sénégalais officiellement domicilié au Luxembourg, a fait plusieurs victimes en Suisse. Il prétendait être commandant de bord pour le compte de la compagnie aérienne Swiss et qu’il venait d’arriver des Etats-Unis. Sur les réseaux sociaux, cet homme au gabarit de rugbyman posait en costume de pilote à bord d’un avion. Ou habillé chic devant une Porsche.

Son procès s’est ouvert lundi au Tribunal d’arrondissement de l’Est vaudois, à Vevey, devant six de ses victimes féminines dont trois Sénégalaises. La plupart des victimes, écrasées par la honte, ont préféré ne pas porter plainte. En réalité, Samba le faux pilote n’avait pas de travail et n’était pas en situation régulière en Suisse, pays où il a séjourné illégalement entre 2018 et le 26 mars 2020, date de son arrestation. Il est accusé d’avoir commis de nombreuses infractions, principalement contre le patrimoine, à l’encontre de plus d’une vingtaine de personnes, majoritairement des femmes ayant un lien avec l’Afrique. Selon l’acte d’accusation de la procureure Myriam Bourquin, il se servait des victimes féminines « pour les amener à subvenir à ses besoins, à acquérir des objets pour lui, notamment des téléphones portables et des montres connectées, à contracter des abonnements de téléphonie à leur nom, et à lui accorder des prêts qu’il n’avait, dès le départ, ni l’intention, ni les moyens de rembourser ».

Samba prétendait parfois être un citoyen sénégalo-américain avec des alias comme Smith, Kareem Nicolas SMITH, Nicolas Smith Kareem ou Sheva Solo.

«Le prévenu donnait régulièrement un faux nom, se disait pilote de ligne pour la compagnie aérienne Swiss, se prétendait ressortissant américain et déclarait être arrivé récemment en Suisse, pays dans lequel il devait s’installer et où il expliquait à ses victimes n’avoir aucun contact, les membres de sa famille, souvent imaginaires, étant, par exemple, restés aux Etats-Unis, quand ils n’étaient pas décédés », a poursuivi la procureure. Pour rendre ses allégations crédibles, Samba publiait sur les réseaux sociaux des statuts avec des photos sur lesquelles il était par exemple vêtu d’un costume complet de pilote de ligne et se trouvait dans un aéroport ou dans un cockpit. Il logeait parfois dans des hôtels de luxe pour encore mieux duper ses victimes.

De fil en aiguille, Samba parvenait à séduire ses futures victimes. A force de beaux discours agrémentés d’humour et de compliments, il parvenait à faire naître chez ces femmes des désirs sexuels et des sentiments amoureux. Le pseudo commandant de bord tenait un véritable carnet de bord où il notait tout sur ses victimes, n’hésitant pas à photographier leurs documents d’identité, les données bancaires, de copier leur répertoire téléphonique.

Entre 2018 et son arrestation en mars 2020, Samba a collectionné les conquêtes, entretenant avec elles des relations sexuelles souvent non protégées. Il en profitait pour contracter des prêts à ses victimes en prétextant avoir quelques soucis administratifs pour ouvrir un compte bancaire en Suisse. Les prêts étaient accordés en cash ou virés à sa demande sur le compte de son ex-compagne au Luxembourg.

Après les relations sexuelles, le faux pilote profitait du fait que ses conquêtes se douchaient pour subtiliser de l’argent sur leur porte-monnaie ou des documents d’identité. Le pire dans tout ça, c’est que Samba filmait les relations sexuelles. Il a ainsi fait chanter deux de ses victimes, en leur réclamant de l’argent sous la menace de diffuser les vidéos des ébats sexuels.

Lundi, lors de l’ouverture du procès, Samba s’est illustré par une insolence qui frise un trouble psychiatrique. Cet homme qui dit avoir été adopté par une riche famille sénégalaise après que sa mère l’a abandonné dès la naissance, a profité d’une suspension d’audience pour réclamer un café et un croissant. Ensuite, il a accusé son propre avocat, Me Julien Lanfranconi, de mal le défendre et d’être « un lâche ». Il a demandé la révocation de son défenseur et la récusation du Tribunal, qui, selon lui, a pris fait et cause pour la plaignante.

Hystérique et en colère, Samba a également accusé la police d’être impliquée dans des trafics de drogue. Mardi, la procureure a indiqué que Samba avait bel et bien agi par escroquerie par métier. Elle a reproché au prévenu diverses atteintes au patrimoine, à l’intégrité physique, à l’intégrité sexuelle, à la liberté, à l’honneur et à la sphère privée, notamment, ainsi que le faux dans les titres, le blanchiment d’argent et infraction à la Loi fédérale sur les étrangers et l’intégration. Myriam Bourquin a requis 5 ans de prison ferme et 12 ans d’interdiction de séjour en Suisse à l’encontre de «l’arnaqueur». Le verdict aura lieu vendredi.

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