Les villes d’Afrique jugées surpeuplées, déconnectées et chères

Read Time:2 Minute, 24 Second

Des experts de la Banque mondiale ont passé au peigne fin l’urbanisation de l’Afrique

Nos villes se sont surpeuplées et ne facilitent pas le développement des affaires. Il est recommandé aux autorités de régler le problème foncier et d’investir tôt. Ouvrir les villes africaines au monde”, tel est le titre quelque peu directif du tout dernier rapport que la Banque mondiale vient de produire sur les villes d’Afrique subsaharienne. Parue le 9 février dernier à Washington, cette étude a porté sur l’analyse de quelques 64 agglomérations de plus de 800 000 habitants réparties dans une trentaine de pays du continent. Ce travail débouche sur un diagnostic sans complaisance selon lequel “les villes africaines sont surpeuplées, déconnectées et coûteuses”. “Les dirigeants et responsables publics africains doivent s’attacher en priorité à investir tôt et de manière coordonnée dans les infrastructures. Faute de quoi, les villes d’Afrique resteront des villes “locales”.

Somik Lall Spécialiste du développement urbain, Banque mondiale

Au sens de cette étude, la surpopulation dont il est question ici se réfère à l’”entassement” des populations dans des maisons souvent “rudimentaires” au centre-ville pour être proches de leurs lieux de travail. Ainsi, peut-on lire dans ce document : “à Dar es Salam (Tanzanie), 28 % des résidents vivent à trois au moins dans une seule pièce, tandis qu’à Abidjan (Côte d’Ivoire), ils sont 50 % à vivre dans ces conditions. À Lagos, au Nigéria, deux personnes sur trois habitent dans des bidonvilles”. Une surpopulation que les auteurs de l’étude mettent sur le compte “de l’absence de logements formels planifiés à proximité des emplois et des services.” En effet, les auteurs du rapport trouvent que l’urbanisation de la population ne s’est pas accompagnée d’une urbanisation des capitaux. En conséquence, le logement et les autres infrastructures font défaut. Pire, l’on apprend que “sur l’ensemble du continent, l’investissement dans l’immobilier urbain a neuf ans de retard”. En outre, les cités du continent sont perçues comme étant déconnectées “en ce sens qu’elles sont caractérisées par une dispersion spatiale”. “Sans routes adéquates ni transports en commun, les trajets pour se rendre au travail sont longs et coûteux, ce qui empêche les travailleurs d’accéder aux emplois répartis dans l’ensemble de l’agglomération urbaine”, écrivent les auteurs du rapport. Pour ces chercheurs, cette absence de connexion entre les quartiers des villes africaines a pour conséquences leur plus faible exposition et une plus forte fragmentation de leurs populations. Et ils expliquent : “La faible exposition aboutit au fait que les individus sont déconnectés les uns des autres. À une distance donnée (généralement 10 km), ils ne peuvent pas interagir avec autant de personnes que dans une ville caractérisée par une exposition plus élevée”. Pour les experts de la Banque mondiale, ces indicateurs prouvent que l’Afrique s’urbanise tout en demeurant pauvre.

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Previous post États-Unis
Next post Barthélemy Dias à propos du président Abdou Diouf
Close