Le Maroc, modèle lumineux de transition vers le solaire

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La Chine est l’eldorado du solaire. L’an dernier, Pékin a accru sa capacité de production d’électricité solaire de 34 000 mégawatts (MW), soit plus que la puissance cumulée des États-Unis, du Japon et de l’Europe. Alors, pourquoi la Chine a-t-elle jugé bon d’envoyer la semaine dernière une délégation de 30 personnes étudier la technologie solaire au Maroc ? C’est que la Chine se distingue avant tout dans le domaine de l’énergie solaire photovoltaïque pour la fabrication de panneaux ou l’installation de centrales. Le Maroc dispose lui d’une technologie que la Chine est avide de maîtriser : l’énergie solaire à concentration ou CSP. Dans les centrales thermodynamiques, des miroirs concentrent les rayons du soleil. La chaleur ainsi générée alimente des turbines à vapeur qui produisent de l’électricité. Cette technologie présente l’avantage de pouvoir stocker l’énergie thermo-solaire afin de fournir de l’électricité même lorsque l’ensoleillement est nul. La semaine dernière, le complexe solaire Noor, situé dans le désert, au sud du Maroc, près de la ville de Ouarzazate, a accueilli une centaine de participants à l’occasion du premier atelier du Programme d’appui à l’expertise et à l’innovation pour l’énergie solaire à concentration au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Outre la délégation chinoise, cette manifestation a réuni des responsables gouvernementaux et dirigeants d’entreprises de services publics venus de sept pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA), des experts du secteur, des promoteurs de projets et des représentants de banques de développement multilatérales et bilatérales.

Géré par la Banque mondiale, le programme est financé par le Fonds pour les technologies propres (CTF), dans le cadre du Plan d’investissement dans la CSP pour la région MENA. Il a pour but d’épauler les responsables politiques et les professionnels de la région, afin qu’ils comprennent mieux les technologies, les marchés et les sources de financement liés au thermo-solaire, et de renforcer les capacités nationales par le biais d’une formation technique ciblée, d’un partage des connaissances et de l’apprentissage. Pays hôte de la dernière Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (ou COP22), le Royaume du Maroc joue un rôle de chef de file indispensable dans la lutte contre le changement climatique. Rabat s’est fixé des objectifs ambitieux pour porter la part d’énergies renouvelables dans son mix énergétique à 42 % en 2020 puis à 52 % en 2030. Pour diminuer sa dépendance aux hydrocarbures, le pays a lancé en 2009 un plan solaire prévoyant la mise en place d’une capacité de 2 000 MW à l’horizon 2020. Cette stratégie a donné des résultats remarquables sur le terrain. En février 2016, le Maroc a procédé au lancement de la première phase de 160 MW de son complexe solaire Noor, qui vise une capacité totale de 580 MW. Le parc Noor I s’étend sur 480 hectares recouverts de 500 000 capteurs cylindro-paraboliques. D’une hauteur de 12 mètres, ces miroirs produisent 500 000 MWh d’énergie solaire par an et sont couplés à un dispositif de stockage qui offre trois heures de production à pleine charge. La centrale fonctionne aujourd’hui à plein régime et fournit une électricité pour un coût de 0,18 dollar par kWh. Les centrales Noor II et Noor III sont toujours en cours de construction. Noor II disposera de la même technologie que Noor I, pour une puissance installée de 200 MW et une capacité de sept heures de stockage. Noor III emploiera une technologie CSP différente : une tour centrale dotée de deux réservoirs de sels fondus garantira une puissance continue de 150 MW et une capacité de stockage de huit heures. Noor II et Noor III devraient entrer en service en 2018 et fournir de l’électricité à un coût inférieur à 0,16 dollar par kWh. Le complexe solaire Noor ne se limitera pas à ces équipements. Une quatrième phase prévoit également une installation photovoltaïque de 70 MW. Une fois opérationnel, le site deviendra la première centrale solaire multi-technologie au monde, avec une puissance installée de 580 MW, pour un investissement total de plus de 2 milliards de dollars. Au Maroc, le gouvernement comme la population plébiscite cette électricité propre et renouvelable qui alimentera plus d’un million de foyers et permet de créer des emplois. Les chantiers de Noor II et Noor III offrent des possibilités d’emploi à 4 000 Marocains. D’autres projets sont également en cours de planification et de développement, pour faire du Royaume un pays leader dans le solaire. Le Fonds pour les technologies propres (CTF) a joué un rôle décisif dans le financement des trois phases du complexe Noor, accordant au total un financement de 435 millions de dollars à des conditions très favorables. La Banque mondiale, la Banque africaine de développement et d’autres institutions financières internationales ont également apporté leur concours à ce projet. Grâce à la contribution de tous ces partenaires, le coût du capital a été considérablement réduit pour les promoteurs, ce qui a permis de diminuer le coût global de l’électricité produite. Au Maroc, les avantages économiques, environnementaux et sociaux que procure le solaire bénéficient déjà aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités et se perpétueront pendant des générations à venir. Le solaire est une source d’énergie infinie et un terrain d’apprentissage inépuisable. Les participants à l’atelier oublieront peut-être bientôt les présentations des intervenants, mais le souvenir du complexe solaire de Noor ne les quittera jamais. Notre visite, qui s’est déroulée le 8 mars dernier, date annuelle de la Journée internationale des femmes, a été d’autant plus chargée de sens que nous avons pu saluer le travail des femmes dans le secteur des énergies renouvelables à cette occasion.

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