Parkinson : des abeilles ou des requins au service des malades ?

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Des chercheurs tentent de mieux comprendre les causes de cette maladie et de trouver de nouveaux traitements actifs sur ses différents symptômes. Une toxine présente dans le venin d’abeille restaure les troubles comportementaux cognitifs, émotionnels et améliore partiellement les déficits moteurs.

Le nombre de personnes atteintes de la maladie de Parkinson dans le monde devrait doubler en 25 ans.

Le docteur Ray Dorsey, un neurologue de l’université de Rochester (Etats-Unis, Etat de New York)), et une équipe de chercheurs ont étudié les projections démographiques des cinq plus grands pays d’Europe occidentale – France, Espagne, Allemagne, Royaume-Uni et Italie –, ainsi que celles des dix nations les plus peuplées du globe – Chine, Inde, Indonésie, Etats-Unis, Brésil,  Pakistan, Bangladesh, Nigeria, Japon et Russie. Ils ont ensuite établi des projections de prévalence de la maladie par groupe d’âge dans chacun des pays et conclu que le nombre de personnes atteint de Parkinson dans ces quinze pays passera de 4,1 à 8,7 millions d’ici à 2030. Cette affection neuro dégénérative, dont les causes restent inconnues 200 ans après sa première description, est diagnostiquée à 58 ans en moyenne. Et des trois symptômes qui la caractérisent – la lenteur des mouvements, la rigidité liée à une tension excessive des muscles et les tremblements au repos –, le grand public ne connaît en général que le dernier. En cette journée mondiale consacrée à cette pathologie, l’association France Parkinson aimerait que le regard porté sur les personnes atteintes de la maladie clinique. Les attentes concernent aussi la mise au point de nouveaux traitements. Et, dans ce domaine, les résultats publiés par les spécialistes du programme de recherche sur les maladies neuro dégénératives sont encourageants. Ces équipes travaillent en établissant des passerelles entre la recherche clinique et préclinique. Elles impliquent à la fois les différents pôles hospitaliers (gérontologie, neurologie, psychiatrie, imagerie, biologie), plus de 100 chercheurs académiques, les patients, les industriels du secteur et l’éducation. Leur objectif est d’aboutir d’ici à 5 ans à des découvertes sur la motricité, la cognition et la vie quotidienne.

Des essais en cours sur le venin d’abeille

L’une des pistes explorées actuellement porte sur une neurotoxine présente dans le venin d’abeille. Pour bien comprendre, il faut se souvenir que cette maladie est caractérisée par la perte progressive des neurones produisant de la dopamine, un neurotransmetteur nécessaire au contrôle du mouvement. La perte de ces neurones dans la substance noire, située à la base du cerveau, entraîne progressivement les trois symptômes physiquement visibles ainsi que des troubles psychiques (dépression, anxiété, démotivation), émotionnels et cognitifs (perte de mémoire…).

Des chercheurs de Dhune expliquent que certains canaux (dits SK) contrôlent l’activité des neurones à dopamine et contribuent aux phénomènes de neuroplasticité (capacité des neurones à se modifier et à s’adapter à des changements de l’environnement ou en réponse à une lésion). Lorsque les neurones dopaminergiques dégénèrent dans la maladie de Parkinson, l’expression de ces canaux est modifiée. Or leur blocage avec une neurotoxine présente dans le venin d’abeille augmente la sécrétion de dopamine. Cette substance animale restaure les troubles comportementaux cognitifs, émotionnels et améliore partiellement les déficits moteurs. Des essais sont en cours.

Quant au requin, il pourrait aussi contribuer à faire progresser les thérapies. Il ne s’agit pas de n’importe quel squale, mais d’un petit requin commun – et agressif –, appelé Squalus acanthias ou « chien de mer ». Il y a près d’un quart de siècle, un chercheur a découvert, chez cet animal qui résiste très bien aux infections, un puissant antimicrobien qu’il a baptisé squalamine. Il permettrait d’inhiber l’agrégation toxique de protéines dans le système nerveux, caractéristique de la maladie de Parkinson. Il devrait être testé chez l’homme (aux États-Unis) dès cette année. Et que les défenseurs des animaux se rassurent, c’est une squalamine synthétique qui est utilisée.

 

* Alzheimer, Parkinson, sclérose latérale amyotrophique, sclérose en plaques et Huntington

 

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