Au Danemark, le blasphème n’est plus un délit

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L’article 140 du code pénal avait été invoqué lors de la crise des caricatures en 2006, mais le parquet général avait estimé que les dessins du prophète Mahomet ne constituaient pas un blasphème. Désormais, le blasphème n’est plus un délit passible de quatre mois d’emprisonnement au Danemark. Vendredi 2 juin, les députés du royaume se sont prononcés majoritairement en faveur de la suppression de l’article 140 du code pénal, adopté en 1866. Le vote a eu lieu après le revirement des libéraux, jusque-là opposés à la réforme, mais qui ont cédé à leurs alliés gouvernementaux, le Parti conservateur et l’Alliance libérale. L’article visait « celui qui, publiquement, insulte ou tourne en dérision la doctrine ou le culte d’une communauté religieuse légalement reconnue ». La dernière condamnation remonte à 1946. Lors de la crise des caricatures en 2006, le parquet général avait été saisi, mais avait estimé que les douze dessins du prophète Mahomet, publiés par le journal Jyllands-Posten, ne constituaient pas un blasphème. En février 2017, cependant, un homme de 42 ans a été renvoyé devant les tribunaux pour avoir publié sur Facebook, en 2015, une vidéo le montrant en train de brûler le Coran dans son jardin. Son procès devait débuter le 7 juin. L’affaire a relancé le débat sur la légitimité de l’article 140, dont l’existence même s’oppose aux directives des Nations unies et du Conseil de l’Europe, qui considèrent les lois sur le blasphème comme une entrave à la liberté d’expression. En 2015, les sociaux-démocrates au pouvoir s’étaient appuyés sur les conclusions du Comité permanent d’étude du code pénal pour s’opposer à une modification de la loi. Dans un rapport de 144 pages, ses experts estimaient que l’interdiction du blasphème « n’empêchait pas la critique sévère des religions et des dogmes religieux, mais était une garantie contre les autodafés, par exemple, du Coran et de la Bible ». En avril, les services de renseignement (PET) ont prévenu à leur tour qu’une modification du code pénal pourrait « augmenter les menaces contre le Danemark et les intérêts danois à l’étranger », en étant utilisée « pour créer une attention négative à l’égard du Danemark », dans le cadre notamment de « la propagande militante islamiste ». Les députés ont fait fi des mises en garde. Le chef de la diplomatie danoise, Anders Samuelsen, a salué vendredi cet « adieu à une limitation de la liberté d’expression ». Seuls les sociaux-démocrates ont voté contre la réforme du code pénal. « Nous avons du mal à voir en quoi nous obtenons une démocratie plus forte, une unité et un meilleur débat démocratique en autorisant à brûler les écrits saints », a réagi sa porte-parole, Trine Bramsen.

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