Pollution- impenses

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Les habitants de Bargny et Sendou ont marché dimanche à la municipalité de Bargny pour exiger l’indemnisation de leurs cultures et la restitution de leurs terres. En toile de fond, ils soulèvent les problèmes fonciers, sociaux et environnementaux que suscitent ces grands projets d’État que sont le pôle urbain de Diamniadio, la centrale à charbon et le port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou.

Miniam est le village le plus proche de la centrale. Déjà victimes de l’érosion côtière, comme Bargny et Sendou, les populations se trouvent à moins de 500 mètres de la centrale à charbon. Avec l’arrivée du port, nombre d’entre-elles ont perdu leurs champs, décrétés d’utilité publique par l’État pour sa construction. Toutes, avec la pêche, dépendaient de cette ressource pour subvenir à leur besoin. S’y ajoute la pollution. « Si je pouvais partir, je le ferais pour mes enfants car je ne peux les laisser vivre avec une centrale à côté, » déplore amèrement Cheikh Amadou Beye (Miniam). Et si pour certains polluer est un moindre mal face à la promesse de développement, une pollution par laquelle aurait dû passer de nombreux pays dit « industrialisés », pour Amadou « ce qu’il s’est passé en 1800 ne peut avoir lieu aujourd’hui. Les choses ont changé, des constats ont été posés. Et puis soyons honnête, qui vient nous vendre quoi et pourquoi… On ne peut plus le faire dans certains pays, alors on vient chez nous ?! »

Par ailleurs, alors que les travaux du port ont déjà commencé, aucun d’entre-eux ne se dit avoir été indemnisés jusqu’à ce jour. Issa Gueye, coordinateur du collectif des impactés du port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou dénonce l’absence d’étude d’impacts environnemental et social et de tout plan d’action pour la réinstallation des habitants de Sendou qui vont être délogés pour la construction d’une partie du port. En effet, en terrassant les terres et démarrant les travaux, l’entreprise Senegal Minergy Port entrave le code de l’environnement qui impose la réalisation d’une telle étude d’impacts environnemental et social pour tout établissement classé de catégorie 1. Or, aucune étude définitive n’est encore sortie. Mais outre la légalité, c’est la détresse sociale et psychologique qui découle de ces expropriations qui ressort de la marche. À Miniam, le port n’est pas tenu de les reloger sachant leurs habitations ne se trouvent pas sur son site. Pourtant ils seront accolés à ce dernier et ne pourront donc dans les faits rester. Sans compter que sans ressources, « les gens ne parviennent plus à joindre les deux bouts, » alerte Issa Gueye.

Un ultimatum est lancé : l’État a deux mois pour arrêter les travaux du port, le temps de réguler leur situation. Si rien n’est fait, ils iront entraver les travaux. «Nous avons produit un mémorandum que nous avons transmis au Ministre de la pêche, Oumar Gueye qui est le chef de projet s’agissant de son département. Mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu de réaction. Il ne parvient pas à nous accorder une audience.»

Pour sa part, Oumar Gueye se rendra en personne à Bargny. Au programme, l’inauguration du quai de pêche situé à l’entrée de la commune. Pour Issa, face à la pollution et la destruction de la biodiversité marine qui découlera de ces projets, tout cela n’est qu’un leurre politique. « Comme l’avait dit le maire, la pêche artisanale va disparaître. C’est inopportun de venir pour l’inauguration du quai de pêche, car cela ne correspond pas à la réalité de Bargny, avec la centrale qui tue la biodiversité et le port avec sa jetée de 4 kilomètres. »

Medianet.sn

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