Appel au dialogue de Macky

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A peine l’avoir écrasée dans les urnes, le Président Macky Sall, avant même d’entamer son second et logiquement dernier mandat, a donné du grain à moudre à son opposition.

« Je tends la main à toutes et à tous, pour engager un dialogue ouvert et constructif, dans l’intérêt supérieur de la Nation », a t-il déclaré, mardi, dans une déclaration à la presse.

C’est un appel salutaire, qui va sûrement contribuer à la décrispation d’un climat politique tendu ces derniers mois. Au moins pour quelque temps.

Cependant, pour l’opposition politique, principale destinataire de l’invite de Macky Sall, cet appel constitue un véritable dilemme. Un piège à surmonter avec tact.
Alors, comment va t-elle s’y prendre ? Pendant la campane, elle avait réussi l’exploit d’afficher une solidarité, même si elle avait tout de même lancé quatre candidats sur les routes de campagne.

Le 24 février, deux heures seulement après le début du dépouillement, elle est montée comme un seul homme sur ses grands chevaux pour revendiquer un second tour. Quatre jours plus tard, elle se fera à nouveau entendre, cette fois pour dénoncer un « scrutin piégé » en amont, rejoignant ainsi Abdoulaye Wade sur son terrain de contre-campagne; et par ricochet rejetter en bloc les résultats de la commission nationale de recensement des votes qui venait de consacrait la victoire du sortant Macky Sall.

Mais aujourd’hui, rien n’indique que toute l’opposition continuera à parler d’une même voix. Rien ne présage donc qu’elle aura une seule et même réponse face à l’appel au dialogue de Macky Sall. L’élection passée, les différentes coalitions vont voler en éclats. Il est à parier que chaque parti ou mouvement va reprendre son indépendance. L’opposition va donc redevenir comme elle l’a toujours été : divisée, des leaders de parti qui ne voient avant tout que leur nombril, et non l’intérêt général.
Certains leaders de l’opposition trouveront dans cet appel au dialogue un bon raccourci pour plonger (enfin) dans le Macky
Il faut dire qu’ils n’ont pas les mêmes intérêts, le même agenda. Certains, qui auraient pu rejoindre la coalition présidentielle mais qui avaient « peur » de franchir le Rubicon, trouveront là un bon raccourci pour rattraper le train beige- maron, et plonger (enfin) dans le Macky. Ces derniers n’ont pas grand-chose à perdre.

En revanche, d’autres comme Idrissa Seck et Ousmane Sonko (surtout lui), classés respectivement 2e et 3e, sont sortis du scrutin avec un nouveau statut.

Le patron du Rewmi (20%), un temps considéré « has been » et qui a repris du poil de la bête à la faveur d’un concours de circonstance qui a laissé sur le carreau ses potentiels concurrents, aura sans doute de nouvelles ambitions.

Le leader de Pastef, avec ses 15 %, est particulièrement renforcé par sa victoire sur Macky Sall à Ziguinchor. Ce qui lui ouvre une perspective de transformer l’essai en fin d’année en mettant fin au règne de Abdoulaye Baldé à la tête de la mairie.

Ces deux-là et d’autres têtes d’affiches n’adopteront donc pas forcément et facilement la même stratégie que les seconds couteaux qui les ont soutenus pendant la dernière présidentielle. Eux, auront tout à perdre. Par conséquent, ils n’adopteront pas une posture qui pourrait être perçue comme une manœuvre de Macky Sall de freiner leur marche en avant, de les endormir. Pour rappel, en 2012, Idrissa Seck, bien que faisant parti de la majorité présidentielle et ayant des ministres dans le gouvernement, avait dès les premiers mois pris ses distances avec le Président Macky Sall.

Cet appel au dialogue est l’un le premier casse-tête que devront résoudre des opposants en quête d’un nouveau souffle,
à seulement neuf mois des élections locales. Un véritable dilemme.

C’est un appel aux allures de piège. L’opposition devra trouver la bonne réponse, la bonne stratégie. Y répondre favorablement ne serait pas sans risques et périls. Ne pas y répondre serait également risqué (pour les plus nantis d’entre eux): l’opposition passera aux yeux de l’opinion comme seule responsable d’éventuels tensions socio -politiques. Macky Sall pourrait tranquillement qu’il a fait ce qu’il avait faire .

En sus, l’opposition aura en ce moment répété les mêmes erreurs du passé qui ont conduit aux irrégularités et aux manquements qu’ils ont dénoncé après coup. Ce qui permettra à Macky et son camp de dérouler encore et encore sur une voie libre, en direction des Locales de décembre et des Législatives de 2022, et plus loin même.

Bref, pour l’opposition sénégalaise, après le scrutin « piégé » du 24 février, l’appel « piégé » de Macky Sall sera le premier grain à moudre. En toute urgence. Gare à ceux qui tomberont dans le piège !

Medianet.sn

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