Rapports des corps de contrôle

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La gouvernance «sobre et vertueuse» a été juste un effet de manche. En 2012, Macky Sall avait beaucoup séduit, nourri beaucoup d’espoirs de rupture dans la gestion des ressources publiques. Sa première adresse à la nation avait fait tilt dans les mémoires et les esprits : «A tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers publics, je tiens à préciser que je ne protégerai personne. Je dis bien personne !». Aujourd’hui, en 2020, c’est un autre Macky Sall. Les rapports tardent à tomber. S’ils tombent, il n’y aucune suite judiciaire sinon une promotion pour les autorités épinglées. Et pourtant, il y a des recommandations fermes des corps de contrôle pour des poursuites judiciaires ou une sanction administrative exemplaire.

Les cérémonies officielles de remise solennelle des rapports constitueraient une occasion en or pour enterrer un travail de longue haleine des corps de contrôle. Depuis 2012, nous n’avons pas connaissance d’une autorité de l’Alliance pour la République (APR, parti au pouvoir) démis de ses fonctions pour «détournement de deniers publics, prévarication ou mauvaise gouvernance» et pourtant des cas ne manquent pas. Ou peut-être les personnalités de l’APR et leurs alliés sont des champions de la gouvernance sobre et vertueuse. Il n’y a rien à signaler circuler…

Si Macky Sall a donné un signal fort dès son accession à la magistrature suprême avec des déclarations citées ci-dessus et la mise en place de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), aujourd’hui ces initiatives et cette volonté n’ont été que des vœux pieux. En réalité, Abdoulaye Wade a fait mieux que lui. Même si ce ne sont pas toutes les personnes épinglées qui étaient poursuivies et défenestrées, mais il y en a qui n’avaient pas pu échapper à la guillotine et cela avait beaucoup servi d’exemples. Modibo Diop, l’ancien DG de l’Agence d’électrification rurale, Kane Diallo du Conseil Sénégalais des chargeurs (COSEC), Baila Wane de la Lonase entre autres.

Le président de la République a commencé par couper l’herbe sous les pieds à l’Agence de Régulation des marchés publics (ARMP) en dénonçant publiquement et à plusieurs occasions la démarche et le travail de l’autorité chargée de réguler l’attribution des marchés publics. Il y a eu l’intimidation du Directeur général, Saer Niang, qui nommait sous Wade, avait redonné un nouveau souffle à la structure. Mais sous Macky, il est devenu beaucoup plus discret. Le patron des gendarmes des marchés publics a atteint l’âge de la retraite depuis deux à trois ans mais il est resté inamovible après plus de trois mandats à la tête de l’ARMP.

L’épisode de la défenestration forcée de Nafy Ngom Keita à la tête de l’OFNAC, créée pour permettre au Sénégal d’être en phase avec la recommandation de la Convention des Nations Unies contre la Corruption est encore fraiche dans les mémoires.  Mais pour certains c as,  le rapport de l’Ofnac  n’a pas été validé oar l’Ag. C’est le cas où Coud, fondant du coup, une plainte contre Pape Alé Niang et Cie

L’inspection générale d’Etat a aussi fait les frais de la duplicité du chef de l’Etat dans la gestion des rapports et conclusions d’enquête. Tout le monde se souvient de l’affaire Pétro TIM et du rapport qui avait été caché et rangé soigneusement par les collaborateurs du président. En 2014, ce prestigieux corps logé à la présidence de la République a déposé son rapport qui porte sur l’état de la gouvernance et de la reddition des comptes dans les ministères, les directions et autres mairies. Remis au chef de l’Etat Macky Sall, jusque-là, rien n’a été appliqué à l’endroit des contrevenants à la «gestion sobre et vertueuse».

Le 31 janvier 2020, la Cour des comptes a officiellement remis ses trois rapports   de l’exercice 2015, 2016 et 2017, au président Sall. Plusieurs dysfonctionnements sont notés dans la gestion de certaines entités publiques. Macky Sall a invité les acteurs concernés par ces rapports à mettre un terme sans délai à ces manquements.

Les auteurs de ces rapports ont également fait plusieurs recommandations dont l’ouverture d’une information judiciaire sur certains cas. Pendant que les Sénégalais s’attendaient à la mise en pratique de ces mesures, Macky Sall a opté la mise en place d’une commission   qui va exploiter ces documents, sans dire quand.

« J’ai reçu les rapports (2015, 2016, 2017). Je vais mettre en place une commission qui va exploiter ces rapports, a dit le président Sall, qui a, par ailleurs, promis l’achèvement des travaux de l’institution pour plus d’efficacité, lors de la cérémonie de la Levée des couleurs le 03 février dernier.

Avec la remise vendredi dernier des rapports d’activités 2017 et 2018 (23 enquêtes) de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), au chef de l’État, Macky Sall, à quoi peut-on s’attendre ?

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