Bras de fer contre le gouvernement de Patrice Talon

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C’est une surprise pour Yerim Sow et ses centaines d’employés. L’un des fleurons du Groupe Teylium, le Noom Hôtel de Cotonou vient de faire l’objet d’une expropriation au moment où l’homme d’affaires était régulièrement cité en exemple par la Banque Mondiale et le FMI pour ses nombreuses performances économiques. Mais, c’est un silence de cathédrale des deux côtés, aussi bien Teylium que le gouvernement béninois, c’est motus et bouche cousue !

Que se passe-t-il entre le Groupe Teylium International et le gouvernement béninois au point qu’après l’expropriation de l’hôtel du magnat sénégalais, personne ne veuille se prononcer sur la question. Malgré les tentatives, c’est une fin de  non recevoir des deux parties qui préfèrent certainement réserver la primeur de leurs arguments à la Cour Commune (CCAG) sise à Abidjan où au CRDI siégeant à Washington où le dossier devrait être vidé. De quoi s’agit-il ?

C’est le 28 février 2020 dernier que l’homme d’affaires sénégalais Yerim Sow à la tête du groupe Teylium reçoit un appel téléphonique du ministre béninois des Finances lui annonçant que son hôtel fait l’objet d’une expropriation pour les besoins d’utilité publique.  Le Bénin voudrait y ériger à la place le Monument Amazone.

A peine Romuald Wadagni a-t-il raccroché que l’homme d’affaires s’envole pour Cotonou, histoire  de répondre à la convocation et d’en savoir plus sur l’information qu’il venait de recevoir alors que son projet en construction depuis 2014 lui avait été accordé par l’ancien président Yayi Boni ï sur une surface de deux hectares avec un bail à la clé.

C’est dans ce cadre d’ailleurs que le Golden Boy sénégalais était bénéficiaire d’un code d’investissement qui est réalisé à plus de 90% pour un investissement de 15 milliards de FCFA. Mais, le président Patrice Talon arrivé en 2016 au pouvoir a ordonné la réquisition du complexe hôtelier comme le confirmeront les ministres des Finances et de Justice ainsi que  l’Agence Nationale du Domaine et du Foncier du Bénin (« ANDF »).  La décision a été rendue par  le tribunal de première instance de Cotonou puis confirmée par la Cour d’appel.

Y aurait-il un conflit d’intérêt  entre le président Patrice Talon, concepteur du Bénin Révelé, et l’homme d’affaires Patrice Talon, riche promoteur présent dans le coton, l’hôtellerie et diverses activités ?  Si tel était le cas, ne faudrait-il pas protéger le premier du second ?

Pour certains proches de l’homme d’affaires sénégalais, cette affaire complexe repose la question de la protection des investisseurs privés.  Que cela se passe au Bénin, pays modèle aux yeux de la Banque Mondiale et du FMI, ne change pas la problématique, mais le complique.

Car, « Tout a été fait dans la précipitation et le flou pour mettre Yerim Sow devant le fait accompli », renseigne l’un de ses avocats béninois. Et, poursuit il, « le complexe a été  réquisitionné pour  démolition dans une procédure accélérée et notre client se voit notifier verbalement de faire la liste des investissements  consentis pour un éventuel remboursement ».  Ce qui est fait mais sans suites à ce jour,  alimentant les spéculations sur la protection réelle des investissements au Bénin, pays bien noté par la communauté internationale, avec un président qui connaît bien le monde des affaires pour en avoir toujours fait partie à travers ses différentes entreprises.

Yerim Sow qui a investi dans le secteur de l’hôtellerie avec le Groupe Teylium 130 milliards avec un parc de 795 chambres (Radisson Blu Dakar au Sénégal, Yaas Hotel Almadies à Dakar au Sénégal, Seen Hotel Abidjan en Côte d’Ivoire, Noom Hotel Conakry en Guinée, Noom Hotel Niamey au Niger), assigne l’État béninois devant le CRDI et la CCJA-OHADA

Face au forcing du gouvernement béninois , le patron du Groupe Teylium introduit deux procédures judiciaires qui sont en cours. Le Groupe Teylium a porté l’affaire à Washington devant le Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI) et devant la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA (CCJA-OHADA) à Abidjan afin, argue-t-on  dans son entourage, de sauvegarder ses droits à être indemnisé du préjudice subi.

Du côté des officiels béninois, le silence est de rigueur. Toutefois une source ayant requis l’anonymat évoque des délais contractuels échus depuis mars 2016 sans étayer ses déclarations par des preuves. Une prorogation de deux ans a été accordée, ce qui a ramené le délai imparti à mars 2018, détaille notre source. Un délai supplémentaire de 6 mois sera accordé jusqu’en novembre 2018. Pourtant, des sources proches du promoteur confirment que le projet est pratiquement achevé étant prêt pour la phase d’exploitation (voir photo).

Face au mur de silence qui entoure l’affaire, d’aucuns font le parallèle entre les intérêts de certains officiels dans le secteur hôtelier et les déboires rencontrés par les investisseurs privés.  C’est un secret de polichinelle en effet, le président béninois entretient une relation étroite avec le groupe Accor, propriétaire d’hôtels sous enseignes Ibis et Novotel, presents à Cotonou.

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