Liverpool

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Après avoir mené Liverpool au sommet, Jürgen Klopp traverse une période de crise, avec 6 défaites consécutives à Anfield. Quand l’entraîneur allemand se loupe, c’est dans les grandes largeurs. En témoigne sa dernière saison chaotique au Borussia Dortmund, où malgré un effectif solide, l’amour inconditionnel des fans et le soutien de ses dirigeants, il avait frayé avec la relégation avant d’annoncer son départ quelques semaines avant la fin du championnat.

« La gloire vous offre du temps, mais rarement indéfiniment ». Le Daily Telegraph annonce la couleur dans l’un de ses papiers du jour. Jürgen Klopp n’est plus intouchable à Liverpool. La sixième défaite consécutive à domicile, face au relégable Fulham dimanche (0-1), est une immense pierre dans le jardin de l’entraîneur allemand. Les excuses, valables, d’une défense décimée par les blessures de Van Dijk et Gomez (puis plus récemment Matip), ou d’un Anfield sans public et donc sans âme en raison des mesures sanitaires ont vécu. La cruauté du football est telle que l’on peut se sentir menacé après avoir approché les 4 années sans défaite à domicile, gagné la Ligue des Champions en 2019 et la Premier League en 2020 après 30 ans d’abstinence, et redonné de la fierté à tout un peuple.

Liverpool est aujourd’hui 8e de son championnat et met en péril son avenir européen. La sixième saison de Jürgen Klopp sur le banc de touche était pourtant partie sur les chapeaux de roue (malgré un premier indice avec un 7-2 encaissé face à Aston Villa lors de la 4e journée). Elle tourne désormais au vinaigre et ravive probablement des souvenirs désagréables à l’entraîneur allemand. La subite perte de contrôle des événements avec les Reds rappelle en effet sa saison catastrophe avec le Borussia Dortmund en 2014-2015. Les éléments de comparaison sont nombreux. Jürgen Klopp avait patiemment bâti son succès dans la Ruhr comme il l’a fait dans la Mersey. Il avait peu à peu modelé une équipe fidèle à ses principes, avec cette furie dans le pressing. À Dortmund, il avait su gagner deux titres de champion en 2011 et 2012 et accéder à la finale de la Ligue des Champions en 2013, perdue face au Bayern Munich. Et puis tout avait dérapé lors de la saison 2014-2015, sa septième sur le banc de touche. Comme si, d’un coup, tout ce qui avait contribué à ses succès provoquait sa perte.

La saison cauchemar de son Borussia

Cette saison-là, le Borussia avait perdu son attaquant vedette, Robert Lewandowski, parti assouvir sa soif de titres au Bayern Munich. Mais il s’était offert un mercato rutilant avec Ciro Immobile, auréolé du titre de meilleur buteur de Serie A avec le Torino, l’attaquant colombien Adrian Ramos, efficace avec le Hertha Berlin, le défenseur néo-international allemand Matthias Ginter, et, cerise sur le gâteau, faisait revenir Shinji Kagawa au bercail, après son échec à Manchester United. De quoi faire oublier le départ de Lewandowski et de bien accompagner un Aubameyang appelé à devenir le principal artificier du club. Hummels, Mkhitaryan, Reus, Gündogan, Kehl, la colonne vertébrale est toujours présente. La méthode qui a porté ses fruits jusque-là est toujours la même : intensité dans les courses, discipline tactique et attaques rapides pour sanctionner l’adversaire.

Mais Dortmund ne surprend plus grand monde. À l’image de ce qu’il vit actuellement avec Liverpool, Klopp tombe sur des équipes qui ont su appréhender son schéma de jeu, quasi immuable. L’absence de plan B interpelle. L’obsession pour le pressing ne suffit plus, les adversaires le contrent sans mal. Symbole d’une saison qui démarre mal : alors que les internationaux allemands du BVB fraîchement sacrés champions du monde (Hummels, Grosskreutz, Ginter, Weidenfeller, Durm) sont honorés dans l’avant-match, l’équipe encaisse un but après 9 secondes de jeu lors de la réception du Bayer Leverkusen pour la 1ère journée de Bundesliga et perdra 2-0. Une série de 7 matches consécutifs sans victoires (dont 6 défaites) en septembre et novembre précipitera les Borussen dans la zone rouge du classement.

Parti de son propre chef

Auréolé de ses fabuleux succès lors des années précédentes, Klopp n’est pas menacé, bien au contraire. Sa mine contrite et ses déclarations fortes lui confèrent même une popularité toujours plus grande. Épargné par les médias et les fans, Klopp s’autoflagelle et promet le redressement. « Toutes les critiques que nous avons reçues sont justifiées. Nous nous traînons là (en Bundesliga, ndlr) comme des imbéciles et c’est complètement notre faute. Nous avons trois semaines de préparation devant nous. Nous réparerons ce que nous avons commis ». Pourtant, après le premier match de la phase retour, Dortmund est lanterne rouge de la Bundesliga. Et alors que la menace d’une relégation se précise, les critiques se font plus nombreuses. Klopp serait trop fidèle à certains joueurs et principes de jeu, il est victime de son propre succès qui l’emprisonne dans ses choix. Cela ne vous rappelle rien ?

Klopp parvient à sauver les meubles, redresse l’équipe, mais après deux nouvelles défaites consécutives en avril, prend sa décision. Il quittera la Borussia Dortmund à l’issue de la saison. « J’ai toujours dit au cours des dernières années que si je sentais un jour que je n’étais plus le coach idoine pour ce club, je le dirais. Plusieurs fois, je me suis demandé si c’était toujours bon, et ces derniers jours, je n’étais pas capable de répondre « oui » à cette question. C’est pourquoi j’avais le devoir d’en tirer toutes les conséquences », explique-t-il alors en conférence de presse aux côtés de Hans-Joachim Watzke, le président du BVB, très affecté. Le club de la Ruhr terminera mieux et parviendra à se classer 7e.

Aujourd’hui, même si Liverpool n’a pas connu les tréfonds du classement, les maux se ressemblent. Des joueurs usés, des adversaires mieux préparés, un manque d’alternative, un onze qui, hors blessures, est quasi-immuable, et l’effondrement des résultats. Reste juste à découvrir la fin de l’histoire. Klopp va-t-il savoir inverser la tendance sur la durée ? De plus en plus sous pression, il tentera de d’abord sauver la saison. Mais rendra-t-il ensuite les armes comme à Dortmund ? C’est l’un des enjeux des prochaines semaines.

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