Soutien d’une campagne anti-française menée par la Russie

Read Time:3 Minute, 4 Second

Depuis l’opération Sangaris, l’Hexagone a perdu du terrain face au Kremlin qui a fait de la Centrafrique son nouveau pré-carré en Afrique. Alors que des tensions opposent son allié tchadien à Bangui, une nouvelle étape vient d’être franchie dans la guerre d’influence russo-française dans la région.

Tensions entre Paris et Bangui. Lundi 7 juin, le ministère français des Armées a annoncé la suspension de la coopération militaire entre la France et son ancienne colonie d’Afrique centrale.

D’après Paris, le gouvernement centrafricain n’a pas eu une attitude de nature à permettre la poursuite de la coopération entre les deux pays. « A plusieurs reprises, les autorités centrafricaines ont pris des engagements qu’elles n’ont pas tenus, tant sur le plan politique envers l’opposition que sur le comportement vis-à-vis de la France qui est la cible d’une campagne de désinformation massive en RCA », a déclaré le ministère des Armées, cité par l’AFP. « Les Russes n’y sont pas pour rien, mais les Centrafricains sont au mieux complices de cette campagne », ajoute-t-il.

De ce fait, l’Elysée a décidé de suspendre son aide budgétaire envers Bangui, estimée à 10 millions d’euros, alors que les entraînements militaires prodigués aux Forces armées centrafricaines (FACA) par des soldats français stationnés au Gabon ont été interrompus.

Cette décision intervient moins d’un mois après l’arrestation d’un citoyen français en possession d’armes militaires à Bangui, et soupçonné d’être un mercenaire. Elle vient également marquer une nouvelle étape dans la guerre d’influence qui oppose depuis plusieurs années la France et la Russie sur le théâtre centrafricain.

Profitant de l’incapacité des soldats français à aider Bangui à vaincre définitivement les groupes armés qui contrôlent une large partie de ses ressources, Moscou est peu à peu devenu le partenaire privilégié du président Faustin Archange Touadéra (photo) qui bénéficie de l’aide militaire du Kremlin dans le cadre du processus de reconquête de son territoire. Cette coopération a souvent été pointée du doigt par la communauté internationale qui dénonce notamment les dérives de mercenaires employés par la Russie, mais de son côté, le gouvernement de Vladimir Poutine a toujours démenti ces accusations.

Il faut également souligner que la suspension de la coopération militaire entre Bangui et Paris intervient après que des tensions diplomatiques ont éclaté entre la Centrafrique et le Tchad. Fin mai, N’Djaména qui est considéré comme un des alliés indéfectibles de la France avait accusé l’armée centrafricaine d’avoir tué six de ses soldats, dans une attaque « préméditée » menée en territoire tchadien. Si depuis lors des discussions sont en cours pour calmer la situation, l’armée tchadienne a renforcé ses positions à la frontière entre les deux pays et de nombreux observateurs estiment que ces tensions ne sont pas sans lien avec la guerre d’influence russo-française dans la région.

Rappelons que la France était intervenue en Centrafrique en 2013, dans le cadre de l’opération Sangaris qui avait été lancée pour faire cesser les violences déclenchées par la chute de l’ancien président François Bozizé. Cependant, cette présence militaire de l’ancien colonisateur a peu à peu été décriée, après qu’un rapport de l’ONU a accusé des soldats français d’avoir violé des enfants en Centrafrique, en échange d’argent et de nourriture. Une enquête a été ouverte, mais elle a abouti à un non-lieu.

Notons que Paris devrait néanmoins poursuivre sa participation à la mission européenne EUTM-RCA ainsi qu’à la mission de maintien de la paix de l’ONU en Centrafrique (Minusca) qui y dispose de 12 000 Casques bleus. L’aide humanitaire devrait elle aussi être maintenue.

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Previous post Kaolack
Next post Lutte contre les inondations
Close