Relations Afrique-Chine

Read Time:4 Minute, 36 Second

A Dakar, les dirigeants chinois et sénégalais ont eu l’opportunité de saluer les relations entre les deux partenaires. Des engagements ont été pris sur fond de divergences, mais aussi de critiques permanentes de l’Occident.

En cette fin novembre 2021, les relations entre la Chine et les pays africains ont trouvé un nouvel écho à Dakar, au Sénégal, où se tient la huitième rencontre ministérielle du Forum sur la coopération entre les deux blocs de partenaires (FOCAC). Le président sénégalais, Macky Sall, qui en marge de l’événement recevait Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères, a apprécié « l’aide désintéressée de la Chine à l’Afrique ».

Il a aussi estimé que « le grand succès de la Chine a servi de référence et a apporté de l’espoir aux pays africains ayant des expériences historiques similaires ». Il n’a pas manqué de solliciter l’intervention des Chinois sur un domaine où ils se positionnent peu, à savoir : la lutte contre le djihadisme dans le Sahel. Xi Jinping dans une intervention vidéo lors du FOCAC a promis que son pays accorderait 1 milliard de doses de vaccins anti-covid au continent. Ce qui permettrait de vacciner près de 85% de la population.

Le leader chinois a surtout insisté sur la vision qu’on devrait avoir des relations entre la Chine et l’ensemble des pays africains. « La relation Chine-Afrique est actuellement au meilleur de son histoire. En fin de compte, c’est aux peuples de Chine et d’Afrique de juger des performances de la coopération. Personne ne peut nier les réalisations remarquables, que ce soit par hypothèse ou par imagination », a-t-il fait savoir, selon la presse officielle chinoise.

Il existe pourtant un désamour croissant…

Derrière ces politesses, se construit progressivement pourtant un désamour de la Chine en Afrique. Dans une enquête qu’il a récemment menée, Afro Baromètre permet de réaliser que sur la base des opinions collectées dans 30 pays de la région, le sentiment positif envers la Chine est en baisse en moyenne de 3%, avec un pic en hausse de 45% au Maroc et à la baisse de 21% au Gabon.

Aussi, il ressort de l’étude que sur les 3 dernières années, le sentiment d’influence de l’économie chinoise dans les pays africains a baissé en moyenne sur 30 pays enquêtés. Entre 2014 et 2015, il était estimé à 71%. Pour la période 2019 à 2021, il se situe à 59%. La Chine reste cependant un important bailleur de fonds pour l’Afrique et en est le premier en Afrique subsaharienne, sur le plan bilatéral.

Cette situation a entraîné la construction d’un discours selon lequel, le géant asiatique asphyxie les pays africains sous le poids de la dette. L’engagement chinois à investir 40 milliards $ dans les prochaines années plutôt que les 60 milliards $ auxquels on avait assisté lors des deux dernières éditions du FOCAC, fait dire à Bloomberg que cette décision a été prise suite à la pression du reste de la communauté des bailleurs, relativement au rôle nocif de la Chine sur la dette africaine.

La Chine est certes le premier créancier de l’Afrique subsaharienne en tant que pays, selon des statistiques sur la dette de la région à fin 2020. Toutefois, le stock de la dette extérieure qui est due par les pays d’Afrique au sud du Sahara à la Chine était de 77,1 milliards $. Cela ne représente que 10,9% de la dette extérieure de cette sous-région (702 milliards $ en 2020), et c’est moins volumineux que celle due à la Banque mondiale et au FMI réunis (129,4 milliards au total). Aussi, le stock de dettes envers les détenteurs de titres souverains (obligations internationales) était de 144,3 milliards $, et il faut ajouter qu’une partie des obligations émises en monnaie locale est souvent achetée par des investisseurs étrangers, dans les deux cas à des taux d’intérêt prohibitifs.

Les partenaires occidentaux historiques n’offrent pas de meilleures alternatives.

Le dernier point de divergence souvent soulevé est le manque de transparence dans la forme et les conditions des financements chinois. Si on peut partager cette position, il faut dire que les autres bailleurs bilatéraux de l’Afrique, même parmi les grandes démocraties, ne rendent pas publics les éléments sur les financements accordés aux gouvernements de la région. Il a fallu qu’il y ait des défis, pour qu’on découvre que de grands groupes basés en Europe comme Glencore, garantissaient leurs prêts dans le cadre de clauses désavantageuses, comme l’échange des matières premières.

Xi Jinping a choisi de présenter sa vision de l’avenir avec l’Afrique. « La Chine restera attachée aux principes de sincérité, de résultats réels, d’affinité et de bonne foi, ainsi qu’à l’approche consistant à rechercher le bien commun et les intérêts partagés, honorera à la lettre ses engagements envers l’Afrique, soutiendra avec persévérance le développement de l’Afrique et contribuera davantage au développement et au rajeunissement de l’Afrique et aux efforts conjoints des pays africains pour devenir plus forts », a-t-il déclaré.

Mais il est clair aussi que la Chine dans sa diplomatie économique tient compte de ses enjeux stratégiques qui, pour l’instant, sont économiques. Les marchés européens et américains sont les plus dynamiques pour sa grande machine à production qui lui garantit la création de centaines de millions d’emplois. C’est aussi aux pays de ces régions qu’elle prête le plus et où elle investit le plus. En Effet, le stock de ce que doivent rien que les USA à la Chine est de l’ordre de 1100 milliards $. Cela représente 14,3 fois la dette de l’ Afrique subsaharienne envers la Chine.

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Previous post Grève des routiers
Next post Champ politique Sénégalais
Close