Tony Odeigah, Directeur général de Uba Sénégal

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Uba Sénégal est une institution bancaire implantée dans le pays depuis 2009. Depuis lors, la banque a fait son chemin pour arriver aujourd’hui, selon son directeur général Tony Odeigah, à se hisser parmi les 7 banques les plus rentables du Sénégal.

M. Odeigah souligne dans cet entretien, que sa banque va continuer son déploiement à l’intérieur du pays. D’ailleurs, il annonce l’ouverture prochaine de nouvelles agences, non sans préciser que Uba Sénégal, c’est aussi le volet innovation technologique avec son banquier virtuel Leo et Leo WhatsApp.

Monsieur le Directeur Général, Uba Sénégal figure dans le classement 2021 des meilleures banques et a été récompensée   par le « Bankers Award » à Londres. Quelle est votre appréciation de cette distinction ?

Cette distinction est de notre point de vue, la reconnaissance des orientations novatrices apportée dans l’activité bancaire par Uba Sénégal, qui est une filiale du grand groupe panafricain.

Implanté au Sénégal depuis 2009, nous avons su nous positionner très rapidement dans le sillage des grandes banques, à partir d’une vision qui combine l’optimisation dans le choix de nos activités, et l’innovation dans la manière de  pratiquer l’activité bancaire.

Après 14 ans sur le marché sénégalais, nous pouvons dire que le chemin   parcouru   nous a mené dans le Top 7 banques des plus rentables du Sénégal. Nous avons aujourd’hui le taux de rentabilité des actifs le plus élevé, et sommes par ailleurs leader dans le domaine numérique, en ce sens que   nous avons été un pionnier aussi bien dans l’émission de cartes prépayées, que dans la fourniture de services bancaires en service libre et surtout à travers notre banquier virtuel Leo.

Uba Sénégal à travers la Fondation Uba investit massivement dans des activités de Responsabilité sociale environnementale pour le développement socio-économique, en soutenant les secteurs de la santé, de l’environnement et de l’éducation. N’est-il pas difficile pour une banque commerciale de concilier rentabilité et actions sociales ?

Si l’on devait définir l’impact social de l’entreprise, je pourrais dire que c’est la somme des différentiels générés par son activité dans les chaînes de valeur de ses parties prenantes directes et indirectes.

En tant que banque panafricaine Uba, se veut un acteur majeur du développement de l’Afrique, qui est le continent où plus de 50% de la population vit avec un revenu moyen inférieur à 1 $ par jour selon la Banque africaine de développement(Bad). Le concept d’Africapitalisme est la philosophie qui permettra à l’Afrique d’atteindre cet objectif selon notre président, M. Tony Elumelu CON.

La Fondation Uba est une entité distincte de la banque Uba   et, à ce titre, est en mesure d’exercer efficacement ses fonctions et ses activités sans entrer en conflit avec les activités bancaires.

Comme vous le savez, chaque année la Fondation Uba mène de nombreuses activités, qui ont un impact sur les environnements dans lesquels nous agissons. Il s’agit notamment du Concours national de dissertation, Read Africa (l’Afrique qui lit), Each one Teach one (un programme de mentorat), la banque alimentaire et, plus récemment, le programme de plantation d’arbres. Toutes ces   activités, il faut le dire, continuent d’avoir un impact positif dans les économies où nous opérons.

Le déploiement géographique des banques en milieu rural est un levier d’inclusion financière, mais reste un enjeu majeur pour les banques. Qu’en est-il de Uba Sénégal ? Existe-t-il des contraintes opérationnelles à ce niveau ?

Non, il n’y a pas de contraintes opérationnelles à ce niveau, d’autant plus que le gain de parts de marché est généralement adossé à la présence et la bonne implantation géographique de la banque sur le marché où elle opère. Cependant, la question cruciale dans le secteur bancaire au regard des crises récentes comme le Covid-19, où la guerre en Ukraine, etc,  et de leurs impacts (endiguement, inflation, ralentissement des activités, vaste crise économique dans plusieurs secteurs porteurs, etc.) au niveau mondial et dans nos petites économies africaines, pose le problème de l’optimisation des choix en termes de déploiement géographique.

Maintenant, la question se pose de savoir, si l’option de la présence physique par le biais des agences, comme on le connait dans le modèle bancaire classique en vigueur, est-elle toujours la meilleure option en termes de stratégie de croissance géographique ? Je pense que cette question est aujourd’hui au centre de toutes les discussions dans le secteur. J’ajoute que les banques qui l’ont compris très tôt ont trouvé un moyen d’investir dans la technologie soit, pour garantir leur déploiement géographique, en optimisant leurs coûts d’exploitation, soit en planifiant d’externaliser certains de leurs services.

De plus, chez nous à UBA nous prévoyons de déployer nos services au Sénégal, dans des régions à fort potentiel, où nous ne sommes pas encore présents. A ce jour, nous sommes à Touba, Kaolack et Mbour, et  projetons  dans un proche avenir l’ouverture de plusieurs autres agences pour établir une présence plus affirmée.

Votre banque était très présente dans le financement de projets structurants au Sénégal. Avez-vous changé de stratégie commerciale ?

Pas du tout. La stratégie reste la même, pour preuve, nous sommes restés l’une des banques préférées de l’État pour qui nous soutenons bon nombre de ses initiatives. Dans le passé, nous avons financé et continuons de financer de grands projets de l’État et, dans certains cas d’ailleurs, nous avons agi en tant que banque principale. C’est le cas notamment pour la construction des autoroutes, des stades/complexes sportifs, la production d’électricité/d’électricité et également dans le pétrole et le gaz.

Dans le même temps, la banque continue de diversifier son portefeuille dans d’autres secteurs comme les PME et le consommateur pour assurer une plus large diffusion de ses produits et services.

Votre portefeuille de prêts est plus orienté vers les échéances à court et moyen terme, alors que les besoins de financement souvent exprimés par les Pme et les ménages sont à long terme (immobilier, projets, etc.). Qu’est-ce qui explique cette option ? N’est-ce pas un point faible par rapport à la concurrence du marché ?

L’option de choisir des investissements avec des échéances courtes et moyennes dépend, de plusieurs choses, entre autres, de la structure de nos ressources, mais aussi de la nature du risque posé par le secteur immobilier.

L’une des faiblesses du secteur bancaire en Afrique subsaharienne est le profil de maturité à court terme de leurs dépôts, qui les empêche d’investir dans des actifs à long terme.  Les crises récentes telles que les subprimes ont attiré l’attention des banques sur le secteur immobilier, qu’elles ne considèrent plus les investissements dans ce secteur comme des investissements à risque zéro, même si le bien est très souvent donné en garantie pour atténuer le risque en cas de défaillance.

Néanmoins, nous proposerons bientôt au marché sénégalais des produits innovants couvrant ces secteurs, en particulier les Pme.

Avec le soutien de notre Groupe, qui a signé un partenariat de 3 599 milliards de francs CFA (6 milliards de dollars) avec la Zlecaf  nous allons   apporter un  appui financier aux Pme et Pmi dans les pays impliqués dans le partenariat de la Zlecaf. L’accord couvre quatre secteurs : l’agro-industrie, l’automobile, la pharmacie, le transport et la logistique.

La numérisation est au cœur de la stratégie de Uba en général. Quels produits et services innovants sont proposés aux clients ? Compte tenu de leur sophistication, n’est-il pas également nécessaire de se concentrer sur l’éducation numérique ?

Uba dans son portefeuille de produits numériques présente une offre assez concurrentielle sur le marché, en plus des cartes de débit classiques, des cartes or et platine, des cartes Visa prépayées, des canaux de distribution numériques comme les guichets automatiques et les points de vente.

Parmi ces produits classiques, Uba s’est distinguée en proposant des services bancaires en ligne et des solutions bancaires en libre-service, telles que U-Direct, Chat banking, etc.

Récemment, nous avons innové avec l’un des rares chatboat de notre banquier virtuel Leo et Leo WhatsApp. Leo est le banquier virtuel de Uba fruit de l’intelligence artificielle qui a été développé par un partenariat entre Facebook et Uba.

Uba s’est également positionné comme le leader de l’intégration numérique, en tirant parti de ses Api pour s’associer aux meilleures Fintechs du Sénégal ; l’objectif étant de populariser le paiement en ligne.

Pour en revenir à l’autre aspect de votre question, je signale que l’éducation numérique s’inscrit dans la stratégie quinquennale de Uba, qui prévoit la vulgarisation de la banque numérique au Sénégal à travers diverses actions qui consisteront à mettre à la disposition de nos clients une série de services, qui étaient auparavant disponibles à nos guichets et qui seront désormais mis en ligne. Le but ici est de vulgariser la banque en libre-service et d’encourager la banque numérique. Ensuite, nos équipes accentueront la communication et la vulgarisation autour de tous ces produits et services à travers nos canaux de communication numériques et nos différents visuels.

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