Défaite de Wade en 2012

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En ralliant chaque jour à sa cause des responsables de l’opposition disparate et du cercle des dignitaires religieux et coutumiers, qui lui promettent leur soutien à la présidentielle de février 2019, le Président Sall oublie ou fait semblant d’ignorer que son prédécesseur au Palais avait regroupé en 2012, dans sa coalition, plusieurs dirigeants de partis, des marabouts, des chefs coutumiers et des soit disant faiseurs de miracles, qui lui assureraient la victoire.

Mais au soir du scrutin, à sa grande surprise, Me Abdoulaye Wade, constata une défaite. Et si la désillusion de Me Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012 a été grande, c’est parce qu’il n’a jamais été dans les calculs du père de Karim, une quelconque défaite à ces joutes.

Pour rappel, des mois avant la dernière présidentielle, Abdoulaye Wade, qui bouclait son deuxième mandat à la tête du pays, avait fait rallier à sa cause la quasi-totalité des gens qui se faisaient passer à l’époque comme des porteurs de voix. Quant à l’opposition d’alors, elle tourne en dérision ce choix du troisième président du Sénégal, qui a cru pouvoir la démanteler en réussissant à faire tourner casaque beaucoup de ses responsables. En effet, des pans entiers d’entités politiques qui lui faisaient face avaient finalement accepté de se rallier à sa cause.

À l’occasion, la salle des banquets était transformée en permanence du Pds pour un Président Wade quasi assuré de sa 3ème victoire à une présidentielle sénégalaise. En dehors d’acteurs de la classe politique, Me Abdoulaye Wade avait aussi reçu la bénédiction de pontes des cercles religieux acquis à sa réélection. Des chefs coutumiers et des soit disant faiseurs féticheurs faiseurs de roi, lui garantissait qu’il sera réélu. Le contraire s’est passé, malgré ces marrées humaines qui scandaient son slogan fétiche “sopi” ou criaient à tue-tête «Gorgi dolli ñu” ou “Gorgi ya bari dolley”, dans un concert indescriptible, lors des meetings du candidat Wade.

À l’époque peu de gens osaient croire qu’avec les foules que le président sortant draînait au Fouta, au Djoloff, dans le Baol…qu’il (Me Abdoulaye Wade) allait perdre dans ces zones. En tout cas, à l’épreuve du décompte des voix, il n’a tout juste récolté que déception et amertume. Mieux ou pire pour lui, il chargera certains proches de ses proches de l’avoir trahi en ayant fini d’encaisser ses “sous” sans avoir eu à mouiller le maillot pour lui. Des sommes rondelettes rudement bien payées à des “féticheurs” que de nom, seraient à l’origine de bisbilles entre le pape du sopi et des proches capteurs de voix et de sous qui l’auraient trompé. Aujourd’hui encore.

LE RESPECT DU PLURALISME POLITIQUE EXIGE L’EXISTENCE D’UNE OPPOSITION RÉPUBLICAINE ACCEPTÉE, RECONNUE, FORTE ET ÉCOUTÉE

Si tout cela est rappelé, c’est pour que ça serve de jurisprudence à Macky Sall. Le successeur de Me Wade est actuellement qualifié par un bataillon d’opposants comme voulant gérer ce pays sans opposition. Un régime où toutes voix d’opposition seraient éteintes, alors qu’en son sein, la transhumance à l’œuvre à son sommet est en train de faire éclater le minimum consensuel qui a jusque là permis au camp du pouvoir d’abriter des ex-faucons qui s’étaient opposés au candidat Macky Sall.

Ceci, pour dire que même si rassembler le plus grand nombre de responsables politiques et de personnalités religieuses est une bonne chose pour aller à des élections, il ne faut pas perdre de vue que l’opposition interne à un parti est encore beaucoup plus dangereuse que toute autre opposition légale et significative, qui, elle, reste un pan important voire indispensable dans un régime d’État de droit dit démocratique.

On ne peut d’ailleurs nulle part parler de démocratie là où il n’existerait pas de partis d’opposition, de franges importantes de la société aux sensibilités contradictoires très prononcées. Le respect du pluralisme politique exige l’existence d’une opposition républicaine acceptée, reconnue, voire forte et écoutée. C’est là un gage pour une démocratie renforcée.

Malheureusement ou heureusement, au Sénégal, beaucoup de dirigeants qui campent dans l’opposition ont eu auparavant à occuper de hautes fonctions dans l’establishment de ce pays. Mais encore, chose paradoxale, il leur arrive même de réclamer des droits politiques qu’ils avaient préalablement refusé à leurs antagonistes-opposants, au temps où ils étaient les maîtres au pouvoir.

Medianet.sn

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