Présidentielle des Etats-Unis en 1987

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En avril 1987, le démocrate Gary Hart est le favori de la course à la Maison Blanche. Mais tout s’effondre après la révélation de ses infidélités. L’événement inspire le film « The Front Runner ».

« Si quelqu’un veut me suivre à la trace, qu’il y aille. Il va très vite s’ennuyer. » L’homme qui, en ce mois d’avril 1987, répond avec confiance au journaliste du New York Times est alors le favori de la primaire démocrate américaine pour l’élection présidentielle de 1988. « Front runner » est même le qualificatif avantageux qui lui colle à la peau. Quelques semaines plus tard, Gary Hart stoppe net sa campagne, terrassé par un scandale d’adultère qu’il n’a pas vu venir, et qui sonne le glas du gentleman’s agreement entre les médias et Washington autour du secret entourant la vie privée des élus.

Le sénateur du Colorado devient le protagoniste involontaire d’un moment de bascule aux Etats-Unis : désormais, le journalisme politique, dans son expression majoritaire, ne consiste plus à analyser le programme d’un candidat mais à interroger sa personnalité et, au bout du chemin, à dévoiler ce qu’elle pourrait dissimuler.

C’est ce moment précis qu’ausculte le film de Jason Reitman, The Front Runner . Et en particulier ces deux semaines qui amenèrent Gary Hart à jeter l’éponge en mai 1987, après avoir été photographié en compagnie de sa maîtresse d’un jour. Hart y arbore un tee-shirt siglé d’un « Monkey Business », du nom du yacht dont ils viennent de débarquer. Cette expression américaine, que l’on pourrait traduire en français par « une affaire louche », est aussi le titre d’une des meilleures comédies des Marx Brothers. Et, accessoirement, le terme qui résume pour beaucoup la carrière politique de Gary Hart.

En 1987, Gary Hart est, à 50 ans, sur une trajectoire irrésistible. Arrivé en politique dans les années 1960, façonné par les idéaux de cette décennie, il est encore jeune, expérimenté et cherche à ancrer son pays dans le XXIe siècle. Il estime indispensable le passage à une économie fondée sur l’information et les nouvelles technologies, quand ses adversaires se montrent encore obsédés par la sidérurgie et l’Union soviétique. Le candidat démocrate anticipe également une nouvelle ère du terrorisme, en particulier islamiste, où les Etats ne se trouveraient plus à la manœuvre.

Mais ses plans visionnaires se trouvent soudain éclipsés par le brouhaha de sa relation adultère, et la honte de passer quasiment du jour au lendemain du statut de flamboyant possible vainqueur à celui de perdant infâme. Il devient alors cet homme qui a tourné le dos à son destin faute d’avoir su dominer ses pulsions.

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