Entreprenariat des jeunes au Sénégal : L’accès au financement en question

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Des acteurs de l’écosystème financier se sont penchés  sur les contraintes et les solutions

Le paysage du secteur financier du Sénégal est diversifié et l’offre de services y est variée. Toutefois, les Petites et moyennes entreprises (Pme) notamment les startups jugent souvent les conditions d’accès aux financements très contraignantes à cause des garanties exigées, de l’insuffisance des informations sur les produits et services existants, le niveau élevé du taux d’intérêt entre autres. Une situation qui amène le Programme sénégalais pour l’entreprenariat des jeunes (Psej) sous l’égide de son Administrateur Général, Professeur Aminata Sall Diallo à organiser un e-panel sur le thème : « Le Financement de l’Entreprenariat Jeunes » et durant lequel des causes ont été relevées et des solutions préconisées.

Financement de l’Entreprenariat des jeunes au Sénégal : Des acteurs de l’écosystème financier se sont penchés ce mercredi sur les contraintes et les solutions

3%. C’est environ la hausse, par année, du nombre de jeunes qui entrent dans le marché de l’emploi au Sénégal. Selon le directeur général de la Caisse nationale d’assurance agricole du Sénégal (CNAAS) Mouhamadou Moustapha Fall qui donne ce pourcentage, cela représente environ plus de 100 mille jeunes qui ont entre 14 et 34 ans.

Par ailleurs, faut-il noter que 10 banques sur les 27 qui opèrent au Sénégal concentrent l’essentiel des financements accordés aux Petites et moyennes entreprises (Pme). Au moment où 33 Structures d’appui et d’encadrement (Sae) des PME sont agréées, au Sénégal, par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). « Le dispositif de la Bceao lancé en 2018 pour le financement des jeunes a permis l’octroi de crédits qui sont passés de 220 milliards en 2018 à 600 milliards en 2022 », révèle Mme Khardiata Ba Diouf, cheffe de service Etablissements de crédit à la Direction nationale de la Bceao.

Malgré les opportunités de financements, les résultats escomptés ne sont souvent pas atteints, constate le Dg de la CNAAS qui s’exprimait lors de ce e-panel. Au rang des causes des difficultés d’accès aux financements, Monsieur Mamadou Ndiaye, ancien président du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Crepmf) et actuel Conseiller technique du Ministre des finances et du budget, a mis en exergue un défaut lié à la connaissance des produits financiers existants.

« En réalité certains produits existent, sont opérants mais ne sont pas bien connus des entrepreneurs notamment. C’est cela qui fait que cet effort de vulgarisation, de communication à l’endroit de la jeunesse reste un défi extrêmement important qui doit être relevé », confie Monsieur Mamadou Ndiaye qui assurait la modération du e-panel.

Aussi, un autre point de préoccupation qui lui paraît important est l’allègement des procédures de mobilisation des ressources qui, au demeurant, « découragent certains entrepreneurs ». Car dit-il, si les procédures ne sont pas facilitées, cela peut inhiber cette volonté d’entreprendre et de s’engager dans un secteur professionnel bien précis.

Selon lui, la problématique de l’accès aux financements des jeunes interpelle également la question de la formation à l’entreprenariat qui reste un préalable fondamental à prendre en charge, ainsi que le suivi-évaluation des projets qui est un point extrêmement important et n’est, souvent pas, pris en compte.

Sources de financement des entreprises au Sénégal

Au Sénégal, les entreprises se financent de sources diverses. Selon Monsieur Sidy Lamine Ndiaye, le directeur exécutif de l’Association professionnelle des Systèmes financiers décentralisés (Apsfd), les personnes physiques s’autofinancent à 39% et bénéficient de l’appui de leurs familles ou amis à 17%. Cependant, il a fait noter que l’accompagnement des banques (4%) et des fonds d’appui (1,6%) est relativement faible.

Concernant les personnes morales, M. Ndiaye souligne que la première source de financement demeure également l’autofinancement à 26%, suivi des banques (12,0%) ; des institutions de micro finance (13,8%) ; des fonds propres externes (5,4%) et des fonds d’appui (4,6%).

A l’en croire, la plupart des personnes morales sollicitent, soit les banques (14,6%), soit les institutions de microfinance 15,7% alors que les personnes physiques quant à elles, font plus recours à leurs familles ou à leurs amis (20,0%), aux institutions de microfinance (17,7%) ou participent à des tontines (12,8%) pour se financer.

Propositions pour faciliter l’accès des jeunes entrepreneurs aux financements

Parmi les propositions visant la facilitation de l’accès aux financements de l’entreprenariat des jeunes, il y a d’abord la formalisation, indique Mme Diouf de la Bceao. Laquelle ajoute qu’on ne peut pas la contourner parce que c’est cette formalisation qui a ralenti principalement le processus d’opérationnalisation du dispositif de soutien aux financements au Sénégal. Car, souligne-t-elle, les banques tiennent à la formalisation de l’entreprise ou du statut de l’entreprenant tout en privilégiant l’esprit d’équipe et de solidarité.

Vu la complexité du financement demandé, elle relève qu’il faut le recours à une Sae comme l’Adepme, le Bureau de mise à niveau (Bmn), le Centre de gestion agréé (CGA), les chambres de commerce, les experts comptables inscrits à l’Ordre national des experts comptables et comptables agréés (Onecca), etc. c’est à ce titre qu’elle propose au Programme Sénégalais pour l’Entrepreneuriat des Jeunes (PSEJ) de réfléchir sur une demande d’agrément comme SAE, ce qui lui permettra de mieux renforcer son intervention en termes d’accompagnement technique des entrepreneurs qui est un préalable pour l’accès au financement.

Dans le cadre de la facilitation de l’accès au crédit, elle informe que les tarifs ont été homologués, parce que les jeunes entrepreneurs peuvent se faire encadrer par des structures d’encadrement. « Mais nous avons homologué les tarifs pour qu’un service accordé pour la formalisation des 10 critères des banques ne dépasse pas 25 mille francs Cfa », souligne Mme Diouf dans la foulée. Avant d’ajouter : « Nous avons même demandé à ce que les autorités puissent donner des instructions aux structures d’accompagnement comme la Der/Fj, l’Adepme, le Psej, le 3Fpt d’accompagner dans la formalisation des premières étapes de façon gratuite. »

« L’assurance permet d’entreprendre, de disposer d’une meilleure utilisation des capitaux. Elle constitue un moyen de sécurité pour les crédits et les investissements », révèle pour sa part le Dg du CNAAS.

« Aujourd’hui, pour accompagner les entrepreneurs débutants, des crédits sans garanties réelles sont mis en place par la Banque islamique du Sénégal (BIS), ce qui permet ainsi  de booster l’activité », lance par ailleurs Mme Coumba Diouf, responsable Unité commerciale de la BIS . Pour mitiger les risques, elle propose un suivi très rapproché de l’activité de l’entrepreneur à travers des orientations et conseils lui permettant au maximum d’avancer vers la réussite de son projet.

Pour sa part, Professeur Aminata Sall Diallo est revenue sur les résultats engrangés par le PSEJ en matière de formation et d’accompagnement des jeunes entrepreneurs en vue de mieux les préparer à la structuration et au développement de leurs projets. Elle a par ailleurs pointé du doigt le coût exorbitant du crédit comme étant un des facteurs bloquants pour l’accès au crédit de même que la dispersion des interventions des structures d’appui aux PME qui ne contribue pas à l’efficacité de l’accompagnement des cibles.

 

 

 

 

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