Bokassa

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Hommage à l’Empire !

Jean-Barthélémy Bokassa, premier petit-fils du dernier empereur d’Afrique rend un hommage artistique à l’Empire napoléonien. Le concept est très tendance ces jours-ci.

Il a commencé la peinture au château à 14 ans. Jean-Barthélémy Bokassa vit alors en exil dans les Yvelines. Depuis qu’il a quitté le palais de Bangui, bousculé par les militaires envoyés par le président Giscard d’Estaing, le clan Bokassa vit en vase clos au château d’Hardricourt. “Je pensais encore que tous les enfants vivaient dans des châteaux, comme moi”, s’amuse “JB”. Son grand-père, empereur déchu de Centrafrique, lui offre des cours de peinture.

Presque trente ans plus tard, le voilà qui expose ses œuvres à la mairie du Ier arrondissement de Paris, à deux pas du Louvre. Encore un palais ! Le style est décalé, le pinceau habile, le regard nonchalant.

De son histoire, rocambolesque, l’artiste aime garder une vision romantique, embuée de souvenirs heureux de petit-fils choyé. “A l’époque, dit-il, les hommes politiques comme  Félix Houphouët-Boigny et Léopold Sédar Senghor, lavaient une autre classe. Aujourd’hui c’est différent, mais ce qui est bien c’est que la France n’envoie plus ses soldats pour déchoir des présidents, au Mali c’était pour contrer la montée de l’islamisme radical, on n’est plus dans un rapport de domination, mais de fraternité.”

JB positive, c’est son art de vivre. Voilà pourquoi il utilise des tons pastel et des couleurs vives pour illustrer des batailles sanglantes. Son style est léger et décalé, comme lui. “Bokassa Junior” porte un regard simple presque naïf sur ces époques impériales de faste, de cruauté et de “grandeur”. Le prince Joachim Murat, apparenté à la maison Bonaparte, adore ces tableaux. Il a été le premier à s’offrir “un Bokassa”. “La tendance empire est très en vogue ces jours-ci”, ironise “JB”, qui est aussi un féru de mode. Un clin d’œil amusant à son époque. 

“En Europe, les pays qui fonctionnent le mieux sont ceux où il y a un roi, avance, le petit-fils de Jean-Bedel Bokassa. Au Japon, l’empereur joue un rôle fondateur, en Thaïlande, le pays a tenu grâce au roi. En Afrique c’est une figure intemporelle qui rassure. Plutôt que de changer tous les cinq ans, certaines familles s’auto-proclament royales et règnent pendant des décennies. Mon grand-père, le pauvre, a été empereur, mais il n’a régné que douze ans et il s’est fait destituer!” C’était il y a plus de 37 ans, le 23 septembre 1979.

“Avec un grand-père empereur, je pouvais difficilement faire mieux”

 L’humour est grinçant, mais le constat implacable. Ces derniers temps, les événements en Afrique centrale ont montré combien les dynasties Bongo (un demi-siècle de règne au Gabon) ou Sassou-Nguesso (trente-deux ans à la tête du Congo Brazzaville) et le clan Kabila (bientôt vingt ans en RDC) résistent au modèle démocratique. Sans oublier les autocrates comme Idriss Déby, au pouvoir au Tchad depuis vingt-six ans, Paul Biya, qui préside à la destinée du Cameroun depuis près de trente-quatre ans. Ou bien encore Teodoro Obiang au pouvoir en Guinée équatoriale depuis août 1979, soit trente-six années. Ce dernier, monarque assumé, est tellement désarçonné par le système démocratique à la française, qu’il a invité Jean-Marie Le Pen à Malabo à sa dernière cérémonie d’investiture après sa réélection en avril 2016. 

Contrairement à son oncle Jean-Serge Bokassa, ministre de l’Administration du territoire et de la Sécurité publique de République Centrafricaine, Jean-Barthélémy ne s’est pas risqué à faire carrière dans la politique: “Je me suis dit qu’avec un grand-père empereur je pouvais difficilement faire mieux!” Il a préféré cultiver sa fibre artistique en France. Il publie son histoire en 2006, “Les diamants de la trahison” (éd. Pharos), allusion à la fameuse affaire des diamants de Bokassa qui éclaboussa le président Giscard d’Estaing à la fin de son mandat.

Un an après la sortie de ce livre, les Bokassa redorent leur blason. François Bozizé, alors président de la République Centrafricaine réhabilite par décret l’empereur Bokassa. JB aime penser que la sortie de son livre à peut-être contribué à cette décision grâce à laquelle Bokassa Ier devint, 14 ans après sa mort, un empereur comme un autre. Alors il se lâche, exprime son admiration pour ce grand-père, que les porte-flingues de la Giscardie firent passer pour un “cannibale”. “C’est incroyable, le destin de ces grands hommes, s’amuse JB Bokassa. Napoléon, né dans un petit village corse, ou mon grand-père, né dans un village en République centrafricaine. Ils ont fini empereurs!” A sa manière, ce personnage singulier rend hommage à son grand-père, par empereurs interposés.

 

 

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